"Pour quatre d'entre elles ( des copropriétés dégradées, NDLR), nous allons mener des opérations de requalification des copropriétés dégradées d'intérêt national (ORCOD-IN) pour mobiliser des moyens exceptionnels d'intervention et mieux lutter contre les marchands de sommeil. Il y a urgence", a expliqué le président au quotidien régional La Provence.
La mairie de Marseille a également fait état à l'AFP de ces quatre ORCOD-IN prévues, ainsi qu'un plan d'intervention sur d'autres copropriétés privées dégradées.
Lors des États généraux du logement, en 2022, la mairie de Marseille avait estimé qu'il faudrait des opérations "lourdes et massives" sur 29 copropriétés. Le maire de gauche Benoît Payan avait aussi réclamé des peines plus lourdes pour les "marchands de sommeil".
Le dispositif ORCOD-IN, lancé depuis 2017 en Ile-de-France pour sauver des copropriétés à la dérive à Mantes-la-Jolie, Grigny, Clichy-sous-Bois et Villepinte, permet aux pouvoirs publics d'exproprier ou de racheter plus facilement pour détruire ou rénover, de financer des travaux dans les parties communes et de mieux prendre en charge les questions de sécurité.
Un des grands ensembles de Nîmes en bénéficie également.
Avec 40.000 taudis et huit personnes mortes dans l'effondrement de deux immeubles insalubres du centre-ville en novembre 2018 rue d'Aubagne, Marseille est particulièrement touchée par la crise du logement.
Elle compte de grandes copropriétés privées très dégradées dont beaucoup n'ont de bucolique que le nom, Bel Horizon, Les Rosiers, le Mail,... Les habitants et travailleurs sociaux parlent parfois de "jungle", voire de "bidonvilles verticaux".
Ces grands ensembles, qui comptent parfois plusieurs milliers d'habitants, sont tombés dans une spirale infernale: pauvreté, charges impayées entraînant la dégradation des parties communes, l'apparition de réseaux de trafic de drogue et l'arrivée de marchands de sommeil.
Dans ces copropriétés, les dettes pour le paiement des charges et des fournisseurs atteignent des sommes colossales, jusqu'à 1,3 million d'euros.
"Jamais je n'aurais imaginé ça en France. Mon premier appartement, c'était catastrophique. Le tableau électrique n'était pas en règle, les prises ne marchaient pas", témoignait une habitante des Rosiers. Loyer: 700 euros par mois.
"Recoudre la ville ne se fera pas sans le logement", avertissait récemment le directeur régional de la Fondation Abbé-Pierre, Francis Vernède, en soulignant que l'État avait "le pouvoir d'investir massivement".
Emmanuel Macron devrait détailler ce volet concernant l'habitat indigne mercredi lors de sa visite dans une copropriété dégradée de l'est de la ville, au troisième et dernier jour de sa tournée à Marseille.