L'Union européenne cherche à muscler ses parcs d'énergies renouvelables tout en réduisant sa forte dépendance à la Chine dans l'éolien et le solaire. Les deux groupes chinois étaient soupçonnés d'avoir reçu des aides d'Etat faussant la concurrence.
Longi, premier fabricant mondial de cellules photovoltaïques, et le groupe étatique Shanghai Electric, sous étroite supervision du gouvernement central, faisaient partie de deux consortiums distincts et étaient candidats pour concevoir, construire et exploiter un parc photovoltaïque en Roumanie, d'une puissance installée de 110 MW, partiellement financé par des fonds européens.
Les procédures initiées par Bruxelles à leur encontre s'inscrivent dans le cadre de nouvelles règles entrées en vigueur mi-2023 pour contrer ce type de pratiques déloyales.
La nouvelle réglementation oblige les entreprises à notifier à Bruxelles leur participation à des appels d'offres publics dans l'UE dont la valeur estimée dépasse 250 millions d'euros, si elles ont bénéficié d'au moins 4 millions d'euros de subventions financières étrangères au cours des trois années précédentes.
"Emplois européens"
"Le règlement sur les subventions étrangères garantit que les entreprises étrangères qui participent à l'économie européenne le font en respectant nos règles de transparence et de concurrence loyale", a réagi le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton.
"L'énergie solaire est vitale pour la sécurité économique de l'Europe. Nous investissons massivement dans l'installation de panneaux solaires afin de réduire nos émissions de carbone et nos factures d'énergie, mais cela ne doit pas se faire au détriment de notre sécurité énergétique, de notre compétitivité industrielle et des emplois européens", a-t-il déclaré.
L'UE s'est fixée comme objectif d'atteindre au moins 42,5% d'énergies renouvelables dans sa consommation d'ici 2030, contre 22% actuellement.
Le déploiement accéléré de panneaux photovoltaïques est facilité par l'effondrement des prix sur le marché mondial, mais a aussi renforcé la dépendance vis-à-vis de la Chine: l'UE importe 97% de ses panneaux solaires, pour l'essentiel du géant asiatique, selon Bruxelles.
Une offre mondiale fortement excédentaire et des importations massives maintiennent les fabricants européens sous forte pression.
"Coercition économique"
La Chambre de commerce chinoise dans l'UE a dénoncé l'utilisation par Bruxelles d'un "outil de coercition économique sous couvert de sécurité économique". Elle estime que l'ouverture des enquêtes européennes ne laissait aux entreprises visées "aucune autre option que de se retirer" des appels d'offres.
Leur retrait "entraîne non seulement des pertes substantielles pour ces entreprises mais entrave aussi les efforts de transformation écologique de l'UE", a-t-elle estimé dans un communiqué.
La Commission européenne a lancé ces derniers mois une série de procédures visant la Chine.
Elle avait ouvert mi-février sa première enquête, dans le cadre de la nouvelle réglementation anti-subventions, contre une filiale du constructeur ferroviaire chinois CRRC, numéro un mondial du secteur. Ce groupe étatique, candidat pour la fourniture de trains électriques en Bulgarie, s'était finalement retiré fin mars de l'appel d'offres.
La Commission a par ailleurs ouvert fin avril une enquête sur les marchés publics chinois de dispositifs médicaux, soupçonnant des pratiques "discriminatoires". D'autres enquêtes initiées concernent la construction automobile et l'éolien.
L'Union européenne estime que ses appels d'offre publics sont ouverts à 95% à la concurrence du reste du monde, tandis que les entreprises européennes n'ont quasiment aucun accès aux marchés publics chinois.