Les permis de construction pour ces parcs éoliens en mer n'ont pas été octroyés car "ils auraient eu un impact inacceptable" sur la défense de ce pays scandinave, a expliqué en conférence de presse la ministre de l'Environnement Romina Pourmokhtari.
Cette décision intervient après une étude réalisée par les forces armées, rendue publique vendredi dernier, montrant que ces projets pouvaient significativement perturber les capteurs de la défense suédoise dans la Baltique, à quelques encablures de l'enclave russe de Kaliningrad.
Les tours et pales rotatives des éoliennes émettent des échos radar et produisent nombre d'autres interférences, notamment sous l'eau, affectant par exemple les capacités à détecter de potentiels sous-marins.
Au vu de "la situation sécuritaire grave que connaît actuellement la Suède, les intérêts de la défense doivent peser plus lourd dans la balance", a souligné le ministre de la Défense, Pål Jonson, au cours de la conférence de presse.
S'ils avaient été maintenus, les 13 parcs éoliens en mer auraient retardé la détection d'une attaque de missiles - balistiques ou de croisière -, le délai d'alerte passant de deux à une minute, a-t-il expliqué.
Enclave "hautement militarisée" de Kaliningrad
Ceux-ci étaient prévus sur une zone s'étendant de Åland au nord jusqu'à Öresund au sud.
Le ministre a ajouté que la relative proximité de l'enclave russe "hautement militarisée" de Kaliningrad avait été "un élément central" dans la décision prise par le gouvernement.
"L'un des enseignements tirés de la guerre en Ukraine est que la Russie utilise de nombreux systèmes à longue portée, aussi bien des missiles balistiques que des missiles de croisière", a rappelé Pål Jonson.
Les tensions dans la région ont augmenté depuis l'invasion russe de l'Ukraine en 2022.
Une nouvelle base militaire de l'Otan a été ouverte à Rostock, dans le nord de l'Allemagne, avec pour objectif de coordonner les forces des Etats membres de l'Alliance dans la zone faisant face à la Russie.
Le Kremlin voit l'augmentation de la présence de l'Otan près de ses frontières comme une provocation et a convoqué le 22 octobre l'ambassadeur allemand pour protester contre l'ouverture de ce centre de commandement naval.
Avec l'adhésion de la Suède, après celle de la Finlande, tous les Etats riverains de la mer Baltique, à l'exception de la Russie, sont désormais membres de l'Alliance atlantique.
"Le ministère de la Défense note qu'il est nécessaire de coopérer avec plusieurs de nos pays voisins en ce qui concerne la gestion des impacts transfrontaliers sur les intérêts de défense", relève Stockholm dans un mémoire consulté par l'AFP.
En parallèle, les besoins énergétiques provenant de sources renouvelables figurent parmi les priorités.
La consommation d'électricité en Suède pourrait atteindre au moins 300 TWh d'ici à 2045, soit le double du niveau actuel, selon le document.
"Il est problématique que le gouvernement ferme, de manière catégorique, une zone entière de production potentielle d'électricité", a réagi Svensk vindkraft, association industrielle de l'éolien en Suède.
Selon le ministre de la défense, les zones situées au large de la côte sud-ouest de la Suède et de la baie de Botnie sont mieux adaptées aux projets d'éoliens en mer.
Au total, 24 projets offshore sont sur la table du gouvernement suédois, dont les treize qui ont été refusés.
Un projet vient d'obtenir le feu vert du gouvernement, Poseidon, sur la côte sud-ouest de la Suède, au large de Stenungsund.