Dix-huit jours après la chute du gouvernement de Michel Barnier, censuré par l’Assemblée nationale le 5 décembre dernier, l’Élysée a révélé lundi soir la composition du nouvel exécutif. Peu après 18h30, Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, a annoncé la liste des 35 ministres qui composeront ce gouvernement dirigé par François Bayrou. Ce dernier avait été nommé Premier ministre le 13 décembre par le président de la République.
Ce remaniement marque un tournant dans la vie politique française, à la suite de semaines de tensions entre l’exécutif et le législatif. François Bayrou hérite désormais de la responsabilité de conduire ce gouvernement dans un contexte de fortes attentes et de défis majeurs.
Composition du gouvernement Bayrou
- Francois Bayrou, Premier ministre
- Patrick MIGNOLA, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement
- Aurore BERGÉ, ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations
- Sophie PRIMAS, ministre déléguée, porte-parole du gouvernement
- François REBSAMEN, ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation
- Valérie LETARD, ministre chargée du Logement
- Philippe TABAROT, ministre chargé des Transports
- Françoise GATEL, ministre déléguée chargée de la Ruralité
- Juliette MEADEL, ministre déléguée chargée de la Ville
- Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche
- Catherine VAUTRIN, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles
- Astrid PANOSYAN-BOUVET, ministre chargée du Travail et de l’Emploi
- Yannick NEUDER, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins
- Charlotte PARMENTIER-LECOCQ, ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap
- Eric LOMBARD, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique
- Amélie DE MONTCHALIN, ministre chargée des Comptes publics
- Marc FERRACCI, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie
- Véronique LOUWAGIE, ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des PME et de l’Économie sociale et solidaire
- Clara CHAPPAZ, ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique
- Nathalie DELATTRE, ministre déléguée chargée du Tourisme
- Rachida DATI, ministre de la Culture
- Élisabeth BORNE, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de la recherche
- Philippe BAPTISTE, ministre délégué chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
- Manuel VALLS, ministre d’État, ministre des Outre-mer
- Gérald DARMANIN, ministre d’État, ministre de la Justice
- Bruno RETAILLEAU, ministre d’État, ministre de l’Intérieur
- François-Noël BUFFET, ministre délégué
- Sébastien LECORNU, ministre des Armées
- Patricia MIRALLÈS, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants
- Jean-Noël BARROT, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
- Benjamin HADDAD, ministre délégué chargé de l’Europe
- Laurent SAINT-MARTIN, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger
- Thani MOHAMED SOILIHI, ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux
- Annie GENEVARD, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
- Laurent MARCANGELI, ministre de l’Action publique, Fonction publique et de la Simplification
- Marie BARSACQ, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative
Les premières réactions des principaux acteurs du bâtiment
Pour la FFB : plus de temps à perdre, il faut confirmer la priorité donnée au logement !
La FFB prend acte de la composition du gouvernement et salue le maintien de Valérie Létard au Logement ainsi que l’arrivée de Véronique Louwagie chargée de l’artisanat et des PME, deux interlocutrices à l’écoute du bâtiment.
Avec la nomination de François Rebsamen, ministre des Collectivités locales et de l’aménagement, la FFB restera vigilante sur la nécessaire cohésion des politiques en faveur des territoires.
Les mesures à prendre en matière de logement sont connues et les regrets exprimés par le Premier ministre sur le PTZ doivent désormais trouver leur pleine concrétisation dans un PLF à acter très rapidement. La nomination d’Eric Lombard, expert des sujets économiques et financiers, doit permettre d’avancer vite sur le budget.
La FFB poursuivra les échanges engagés avec Catherine Vautrin en matière d’emploi, de formation et d’apprentissage, sujets essentiels pour le secteur.
Par ailleurs, avec la nomination de Manuel Valls en tant que ministre de plein exercice chargé des Outre-mer, la FFB salue le signal fort envoyé à ces territoires. L’urgence concernant Mayotte, la reconstruction en Nouvelle-Calédonie et la réponse à la diversité des enjeux doivent constituer des priorités.
Olivier Salleron, président de la FFB demande que « le nouveau gouvernement s’engage urgemment à prendre des mesures décisives pour lutter contre la crise violente de la construction qui met en péril la France ainsi que les finances publiques. Compte tenu de leurs expériences et de leurs expertises, les ministres désormais nommés doivent porter un budget à la hauteur des attentes sur tous les territoires en matière de logement ».
Pour la CAPEB : exaspérés, les artisans du bâtiment demandent les mesures d’urgence promises
La CAPEB prend acte et félicite Valérie Létard pour sa nomination en tant que ministre chargée du logement. La CAPEB déplore néanmoins la suppression du ministère de plein exercice que le logement avait obtenu en septembre dernier et s’interroge sur l’importance que le gouvernement accorde à cet enjeu, mais ne doute pas de l’engagement renouvelé de Valérie Létard aux côtés de François Rebsamen, ministre de l’aménagement du territoire.
Face à la situation difficile des petites entreprises artisanales du bâtiment, en recul d’activité depuis cinq trimestres consécutifs, la CAPEB insiste sur la nécessité de faire du logement une priorité et de traduire cette priorité par des actes concrets pour soutenir les 620.000 petites entreprises artisanales, représentant 97% du secteur du bâtiment.
En 2024, l’activité des entreprises artisanales a encore baissé, enregistrant un recul de 5% au dernier trimestre. Cette dégradation continuelle est préoccupante pour leur activité, mais également pour nos territoires au regard du rôle crucial qu’elles y jouent. Chaque année, elles forment 60.000 apprentis, accueillent 115.000 stagiaires et préservent 520.000 emplois. Elles génèrent 40% du chiffre d'affaires du bâtiment et réalisent 50% des travaux d'entretien et d'amélioration, contribuant activement à la transition énergétique et à l’adaptation des logements aux nouvelles attentes de la société. Ce bilan devrait amener à mieux prendre en compte leurs besoins pour soutenir leur activité et dynamiser les territoires.
Or, depuis six mois, elles subissent de plein fouet l’instabilité politique et le manque de visibilité que cette instabilité engendre, exacerbant leur exaspération. Bien que la prolongation en 2025 des mesures de simplification du parcours par geste de MaPrimeRénov’ ait été arrachée quelques heures avant la démission du gouvernement Barnier, les mesures que les artisans du bâtiment ont demandées, qui ont fait l'objet d'arbitrages favorables depuis le printemps et qui n’attendent plus qu’une traduction législative ou réglementaire, restent lettre morte.
C’est pourquoi, depuis la mi-décembre, le réseau CAPEB a lancé une action coup de poing « Nous prenons nos responsabilités, et vous ? », afin de rappeler aux responsables politiques qu’ils ont la responsabilité d’agir sans plus tarder dans un contexte où les artisans du bâtiment continuent, tant bien que mal, à assumer leur rôle dans les territoires et où les propositions que porte CAPEB en leur nom se distinguent par leur exemplarité : concrètes, elles n’alourdissent pas le budget de la nation, génèrent de nouvelles rentrées fiscales par l’activité qu’elles créent et servent l’intérêt général.
La CAPEB appelle :
À l’adoption d’un projet de loi de finances 2025 et d’un projet de loi de financement de la sécurité sociale 2025 remaniés et respectueux des TPE du bâtiment :
- L’apprentissage : il est essentiel de sanctuariser le revenu des apprentis pour attirer de nouveaux talents dans le secteur. Le soutien à l’embauche d'apprentis doit être réservé aux entreprises de moins de 50 salariés sans distinction de niveau de diplôme, permettant ainsi une économie de plus d'1,5 milliard d’euros, et les exonérations de cotisations sociales pour les apprentis doivent être maintenues à leur niveau actuel.
- MaPrimeRénov’ et la rénovation énergétique : il est crucial de maintenir le budget de MaPrimeRénov’ pour soutenir l’activité de rénovation énergétique des bâtiments et de stabiliser la fiscalité sur les équipements de chauffage à très haute performance énergétique.
À la traduction réglementaire ou législative des mesures suivantes :
- Simplifier la qualification RGE et son accès pour les entreprises artisanales.
- Simplifier les parcours de rénovation pour les particuliers et les professionnels dans le cadre de MaPrimeRénov’.
- Faciliter le travail en commun des entreprises artisanales grâce au groupement momentané d’entreprises.
- Renforcer la lutte contre la fraude aux aides à la rénovation et à l’adaptation des logements en encadrant le recours à la sous-traitance.
Le détail de toutes les propositions de la CAPEB est disponible ici.
La CAPEB salue également la nomination d’Astrid Panosyan-Bouvet en tant que ministre déléguée chargée du travail et de l’emploi. Nous connaissons la considération qu’elle porte pour les TPE au regard du rôle économique et sociétal clé qu’elles jouent et appelons de nos vœux une réforme des règles du dialogue social pour que leur voix soit enfin entendue à sa juste valeur.
La CAPEB se tient prête pour travailler au plus vite avec Eric Lombard, ministre de l’économie, au regard des difficultés économiques que le secteur de l’artisanat du bâtiment traverse, avec Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du commerce, de l’artisanat, des PME et de l’économie sociale et solidaire ainsi que Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la ruralité pour la prise en compte de l’importance des TPE pour notre économie et notre société. Enfin, la CAPEB espère rencontrer au plus vite Manuel Valls, ministre chargé des outre-mer, pour structurer l’artisanat du bâtiment mahorais et relever le défi de la reconstruction de l’île.
« Les derniers chiffres de l'activité du secteur, qui seront publiés le 15 janvier à l’occasion d’une conférence de presse, devraient confirmer la tendance à la baisse. Cela renforce l’urgence d'agir dès maintenant pour clarifier le cap à suivre et répondre aux attentes des entreprises artisanales du bâtiment et des particuliers. La CAPEB appelle à la responsabilité du gouvernement et lui demande de prendre des mesures concrètes et immédiates pour garantir la pérennité de ces entreprises, véritables moteurs de dynamisme et d’emploi dans nos territoires » Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB.
Pour le Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI) : se mettre au travail de toute urgence !
Marc Sanchez, secrétaire général du SDI et des TPE : « La paralysie politique issue de la dissolution de l’Assemblée nationale impacte lourdement notre économie : baisse de la consommation, vagues de plans sociaux, dégradation de la dette souveraine et révision à la baisse des prévisions de croissance.
Le gouvernement doit agir d’urgence pour redonner des perspectives aux entreprises, en respectant une ligne rouge claire : aucune hausse des prélèvements obligatoires. La réforme du temps de travail est une voie nécessaire pour conjuguer compétitivité, hausse du pouvoir d’achat et recettes sociales.
Le SDI sollicitera rapidement le Premier ministre et ses ministres pour présenter ses propositions et les résultats de l’enquête « Bilan des TPE 2024 », à paraître en janvier. »
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