À peine parti qu'il est de retour. Une semaine après le tôlé de son premier gouvernement, Sébastien Lecornu est reconduit en tant que Premier ministre. L'annonce de la composition de son second gouvernement n'aura pas pris un mois mais seulement 48 heures cette fois en revanche. Fort de sa volonté de "renouvellement", le Premier ministre a souhaité gouverner sans futurs candidats aux élections présidentielles de 2027 afin de débloquer la situation politique.
Malgré cette volonté affirmée et répétée, la crise actuelle ne semble pas non plus réglée. Les LR qui avaient annoncés ne pas vouloir participer au gouvernement y sont finalement mais veulent exclure du parti les nouveaux ministres, le RN a immédiatement déclaré "tout censurer" tant qu'une dissolution n'aurait pas lieu, allant même jusqu'à déposer une motion de censure et accepter celle également déposée par LFI.
Un budget pour le 31 décembre
La motivation affichée de Sébastien Lecornu : réussir à doter la France d'un budget solide d'ici à la fin d'année. Après la tenue d'un Conseil des ministres mardi matin, le Premier ministre ouvrira l'examen du budget par son discours de politique générale mardi après-midi. Dans ce contexte où son gouvernement risque d'être renversé d'un moment à l'autre, il a tenu à remercié ses ministres « d’avoir accepté de rentrer au gouvernement de la République dans un moment qui, on le sait, est difficile » et dont le « seul objectif et seule mission évidemment, est de surpasser et de dépasser cette crise politique » qui « sidère une partie de nos concitoyens » en appelant ses ministres à la « sobriété », à « l'humilité », et à « mettre les ego de côté ».
La composition du gouvernement Lecornu 2
Les ministres
- M. Laurent NUÑEZ, ministre de l’Intérieur ;
- M. Jean-Pierre FARANDOU, ministre du Travail et des Solidarités ;
- Mme Monique BARBUT, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature ;
- M. Gérald DARMANIN, garde des Sceaux, ministre de la Justice ;
- M. Roland LESCURE, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique ;
- M. Serge PAPIN, ministre des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme et du Pouvoir d’achat ;
- Mme Annie GENEVARD, ministre de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Souveraineté alimentaire ;
- M. Édouard GEFFRAY, ministre de l’Éducation nationale ;
- M. Jean-Noël BARROT, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;
- Mme Naïma MOUTCHOU, ministre des Outre-mer ;
- Mme Françoise GATEL, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation ;
- Mme Amélie de MONTCHALIN, ministre de l’Action et des Comptes publics ;
- M. Philippe TABAROT, ministre des Transports ;
- M. Vincent JEANBRUN, ministre de la Ville et du Logement.
Les ministres délégués
Auprès du Premier ministre :
- Mme Maud BRÉGEON, porte-parole du Gouvernement ;
- Mme Aurore BERGÉ, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations ;
Auprès de la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature :
- Mme Catherine CHABAUD, chargée de la Mer et de la Pêche ;
- M. Mathieu LEFEVRE, chargé de la Transition écologique ;
Auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique ;
- M. Sébastien MARTIN, chargé de l’Industrie ;
- Mme Anne Le HENANFF, chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique ;
Auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :
- M. Benjamin HADDAD, chargé de l’Europe ;
- M. Nicolas FORISSIER, chargé du Commerce extérieur et de l'Attractivité ;
Auprès de la ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées :
- Mme Charlotte PARMENTIER-LECOCQ, chargée de l’Autonomie et des Personnes handicapées ;
Auprès de la ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation :
- M. Michel FOURNIER, chargé de la Ruralité ;
La CAPEB rappelle que la "stabilité politique" est une "exigence vitale pour les TPE du bâtiment"
La CAPEB salue la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon et veut croire que cette reconduction ouvrira une période de stabilité qui est absolument essentielle au pays comme aux entreprises qui le font vivre. Elle souhaite que le Premier ministre et l’ensemble des formations politiques au Parlement réussissent à sortir de la crise politique pour qu’enfin les entreprises artisanales du bâtiment voient le bout du tunnel.
Au nom des chefs d’entreprise des TPE du bâtiment, la CAPEB exige désormais de tous les responsables politiques qu’ils prennent leurs responsabilités, se soucient avant tout de l’intérêt général, et agissent concrètement pour régler les problèmes du pays, particulièrement en matière de Logement.
Les artisans subissent les conséquences d’une conjoncture dégradée : recul de l’activité, baisse des carnets de commandes, changements permanents des aides à la rénovation énergétique, absence d’arbitrages et de décisions publiques pourtant attendues depuis des mois. Dans ce contexte de chaos, chaque jour compte pour l’avenir des entreprises du Bâtiment et de l’emploi local.
C’est pourquoi il est urgent que le nouveau gouvernement s’emploie à reprendre au plus vite les dossiers en suspens depuis trop longtemps et prenne les mesures que le secteur attend. Le logement et les 500.000 TPE du bâtiment qui le bâtissent, l’entretiennent et l’adaptent tant aux impératifs climatiques que générationnels, doivent être au cœur de la politique que la CAPEB appelle de ses vœux. C’est le cadre de vie des Français et le tissu économique et social de proximité qui sont en jeu.
La CAPEB se tient prête à échanger au plus vite avec Vincent Jeanbrun nommé au Logement, Serge Papin, ministre des PME et de l’artisanat et Jean-Pierre Farandou nouveau ministre du Travail et des Solidarités en souhaitant vivement que les dossiers urgents puissent enfin aboutir, notamment la simplification de l’accès au RGE par le contrôle des compétences et des chantiers plutôt que par un dossier administratif, la mise en place d’un parcours de rénovation énergétique par gestes ou encore la juste représentativité des TPE dans le dialogue social. La voix des TPE et de l'Artisanat ne doit plus être étouffée.
Pour Jean-Christophe Repon, Président de la CAPEB : « Les TPE du bâtiment ont besoin de stabilité, de visibilité et plus que jamais d’écoute, de respect et d’actions concrètes. J’appelle le nouveau Premier ministre à agir au plus vite pour débloquer la réalisation de travaux de rénovation des logements, et notamment leur rénovation énergétique. J’appelle l’ensemble des dirigeants politiques à la plus grande responsabilité pour assurer l’indispensable stabilité dont le pays a besoin. »
Un ministère des PME est un signal positif pour le Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI)… à condition qu’il ne soit pas cosmétique
Le Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI) salue la création d’un ministère dédié aux PME, confié à M. Serge Papin, ancien dirigeant de Système U. Un signal de reconnaissance attendu par les entreprises de proximité, à condition que ce nouveau portefeuille ne reste pas une vitrine sans moyens.
Pour Marc Sanchez, secrétaire général du SDI : « Nos TPE vivent une crise silencieuse : trésoreries exsangues, marges laminées, décrochage de confiance. Un ministère PME, c’est une bonne nouvelle si — et seulement si — il s’accompagne d’un cap clair et de leviers budgétaires réels pour réformer, simplifier et soutenir ces entreprises qui représentent 96% du tissu économique français. »
Le dernier baromètre du SDI souligne déjà une situation alarmante (ici). Face à cette réalité, le SDI appelle donc le nouveau ministre à prioriser les TPE, les commerçants, les artisans : premières victimes de la crise économique et de l’instabilité politique persistante.
S’agissant de Serge Papin, le SDI ne formule aucun a priori. « C’est un homme de terrain, ce qui est plutôt rare en politique. Mais nous jugerons sur pièces : tout dépendra de sa capacité à écouter, à comprendre et à traduire en actes nos propositions lors notamment de nos premiers échanges », souligne Marc Sanchez.
Le SDI reste néanmoins inquiet quant à la précarité de ce ministère, dans un contexte d’instabilité politique chronique. « Il est regrettable qu’un portefeuille aussi stratégique ne devienne une priorité qu’au crépuscule d’un quinquennat au final bien décevant, alors que les signaux d’alerte s’accumulent depuis des mois, voire des années. », insiste le syndicat.
Le SDI appelle enfin à éviter tout ministère “cosmétique”, sans moyens ni vision, qui ne ferait qu’ajouter de la déception à la défiance. “Nous avons besoin d’un ministère d’action, pas d’un ministère d’annonce”.
"On attend des actes", déclare Sophie Binet (CGT) à l'AFP
La CGT jugera le nouveau gouvernement sur ses "actes" et en premier lieu sur une éventuelle suspension de la réforme des retraites, a déclaré lundi à l'AFP sa secrétaire générale Sophie Binet.
Il y a une "attente très forte de rupture, avec des actes forts et immédiats notamment concernant la réforme des retraites", a expliqué la dirigeante du deuxième syndicat français à la veille de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu.
"Est-ce que le Premier ministre va enfin s'émanciper du président de la République et couper le cordon avec le patronat ? Pour l'instant on ne le voit pas", estime-t-elle.
Sur les retraites, elle s'inquiète de "la stratégie déployée depuis l'Elysée d'essayer de s'en sortir avec une nouvelle manœuvre de diversion, à savoir le décalage (dans le calendrier d'application de la réforme, ndlr). Ça voudrait dire confirmer les 64 ans avec une application qui serait seulement décalée de quelques mois, au mépris de la mobilisation de millions de travailleurs et travailleuses".
Pour la dirigeante syndicale, "la suspension, ça doit être le blocage de la réforme à 62 ans et 9 mois et 170 trimestres, un blocage immédiat qui ensuite permet au parlement de prendre ses responsabilités et de pouvoir voter sur l'abrogation dans un deuxième temps".
Concernant le nouveau ministre du Travail Jean-Pierre Farandou, connu pour avoir négocié des accords avec les syndicats à la tête de la SNCF, "la question, c'est quelle va être sa marge de manœuvre".
"Ce que l'on attend, ce sont des actes", a ajouté la syndicaliste.
"Est-ce que son mandat, c'est d'enterrer la réforme de l'assurance chômage, de trouver un chemin pour mener à l'abrogation de la réforme des retraites ? Ou est-ce que tout va être décidé depuis Bercy" à partir d'"objectifs budgétaires" ?, a-t-elle détaillé.
La leader de la CFDT Marylise Léon a de son côté estimé lundi sur TF1 que la nomination de M. Farandou était un "bon signal".
Sophie Binet rappelle toutefois que l'ancienne ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet "avait pris position initialement contre la réforme de l'assurance chômage et s'est retrouvée quand même à être la ministre du Travail qui a publié une lettre de cadrage pour nous imposer une réforme". "On voit que le profil initial ne suffit pas à protéger contre ce genre de choses", conclut-elle.