Lecornu démissionne au lendemain de la formation de son gouvernement

Un gouvernement éclair

Seulement 27 jours et le record du Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Sébastien Lecornu, Premier ministre démissionnaire, venait tout juste de révéler une partie de la liste de son Gouvernement dimanche 5 octobre qui lui avait valu de s'attirer les foudres de l'opposition. En effet, 12 des 18 ministres étaient déjà présents au gouvernement précédent, ainsi que Sébastien Lecornu lui-même. Il avait pourtant déclaré vouloir des "ruptures" avec les précédents gouvernement en excluant l'utilisation du 49.3 afin de laisser le Parlement débattre.

Un "cirque"

La nomination de Bruno Le Maire en tant que ministre des Armées aurait mis le feu aux poudres à droite, notamment chez les LR. Selon Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur démissionnaire, Sébastien Lecornu lui avait promis de ne pas nommer Le Maire dans son gouvernement. Malgré de nombreuses pressions en interne venues des LR, Bruno Retailleau a déclaré sur LCI ne « pas du tout » se sentir responsable du départ du futur ex-Premier ministre. Xavier Bertreand (LR) estimait que son groupe ne pouvait « pas participer à ce gouvernement ».

Marion Maréchal, députée européenne, a appelé Bruno Retailleau « à une coalition », après la démission de Sébastien Lecornu.

Du côté du groupe présidentiel, Agnès Pannier-Runacher, qui venait d’être renouvelé au ministère de la Transition écologique, « désespère de ce cirque où chacun joue son rôle, mais où personne ne prend ses responsabilités ».

La présidente de l'Assemblée nationale appelle sur X à la création d'un « pacte de stabilité et de responsabilité ». Yaël Braun-Pivet estime que « la voie du dialogue est encore possible ». « Nos concitoyens attendent que nous nous mettions autour de la table », a-t-elle écrit sur X.

À gauche, le manque de nouveaux noms n'a pas manqué de faire réagir non plus.

Marine Tondelier (EELV) a déclaré avoir « honte du spectacle qui est donné. On a refusé de nommer un Premier ministre de gauche écologiste en nous disant, comme argument, que ce ne serait pas stable. Et que le seul qui pouvait être stable, c'était M. Barnier. Résultat, c'est le Premier ministre qui a duré le moins longtemps de la cinquième république. […] Maintenant, autre nouveauté dans la Ve République, c'est la première fois que ça arrive, un Premier ministre qui démissionne avant même son discours de politique générale ».

Mathilde Panot (LFI) invitait sur X à « une rencontre cet après-midi aux organisations fondatrices de la Nupes et du NFP afin d’envisager toutes les hypothèses ouvertes par cette situation ». Arthur Delaporte (PS) a déjà répondu en expliquant que pour lui, « ce n’est pas à Jean-Luc Mélenchon de nous convoquer ».

Lucie Castets, présentée par la Nouveau Front Populaire comme candidate à Matignon, appelle aujourd’hui à une union des gauches. « Toutes les forces de gauche qui avaient permis de tenir l’extrême droite en échec doivent dialoguer et se tenir prêtes » a-t-elle écrit sur X.

Ce gouvernement sera finalement resté en fonction 836 minutes, selon Le Monde.

La liste des ministres nommés dimanche soir :

• Elisabeth Borne, ministre d’Etat, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche ;
• Manuel Valls, ministre d’Etat, ministre des outre-mer ;
• Gérald Darmanin, ministre d’Etat, garde des sceaux, ministre de la justice ;
• Bruno Retailleau, ministre d’Etat, ministre de l’intérieur ;
• Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles de l’autonomie et des personnes handicapées ;
• Bruno Le Maire, ministre des armées et des anciens combattants ;
• Roland Lescure, ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et énergétique ;
• Rachida Dati, ministre de la culture ;
• Eric Woerth, ministre de l’aménagement du territoire, de la décentralisation et du logement ;
• Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères ;
• Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche ;
• Annie Genevard, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire ;
• Amélie de Montchalin, ministre des comptes publics ;
• Naïma Moutchou, ministre de la transformation et de l’action publique, de l’intelligence artificielle et du numérique ;
• Philippe Tabarot, ministre des transports ;
• Marina Ferrari, ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative ;
• Aurore Bergé, ministre déléguée auprès du premier ministre chargée de l’égalité femmes hommes et de la lutte contre les discriminations, porte-parole du gouvernement ;
• Mathieu Lefèvre, ministre délégué auprès du premier ministre, chargé des relations avec le Parlement.