A mi-chemin de la discussion, l'exécutif dresse déjà le bilan des débats au Sénat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025.
Et le compte est moins mauvais qu'au départ: selon l'amendement déposé par le gouvernement et adopté par la chambre haute, "le solde" de la Sécu "ressort à -15 milliards d'euros, contre -16 milliards prévus initialement".
Une amélioration d'un milliard qui "prend en compte l'impact financier des amendements adoptés" depuis lundi, a précisé la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq.
Notamment la nouvelle "contribution de solidarité", équivalente à 7 heures de travail non rémunérées par an et censée rapporter 2,5 milliards d'euros. S'y ajoutent les hausses de taxes "comportementales" (tabac, sodas, jeux d'argent) pour 500 millions, et une fiscalité accrue sur les "actions gratuites" pour 500 millions de plus.
La ministre s'est également réjouie d'une "bonne nouvelle sur les recettes de TVA", meilleures qu'escomptées à hauteur de 200 millions.
En sens inverse, le Sénat a voté des "mesures moins favorables sur les recettes", en particulier sur les cotisations patronales (1,1 milliard), mais aussi la caisse de retraite de fonctionnaires territoriaux (600 millions) et les apprentis (200 millions).
Mme Darrieussecq a en outre fait état de dépenses supplémentaires à hauteur de 300 millions pour la santé, et de 400 millions sur les retraites du fait de la revalorisation en deux temps négociée entre le Premier Michel Barnier et l'homme fort de la droite Laurent Wauquiez.
Ce compromis prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.
Cette mesure n'a toutefois pas encore été votée au Sénat, où la partie "recettes" du budget de la Sécu a été largement adoptée jeudi soir en fin de séance, par 229 voix contre 108. Plus de 350 amendements restent à examiner sur la partie "dépenses" d'ici samedi soir.
Le patron du Medef alerte sur les conséquences pour l'emploi d'une hausse des charges
Le président du Medef Patrick Martin a de nouveau mis en garde vendredi 22 novembre sur le coût pour l'emploi, en centaines de milliers selon lui, que représenterait la hausse de charges patronales prévue dans le budget mais contestée par le camp macroniste.
"Comme le prévoient en l'état les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale, les entreprises supportent 8 à 9 milliards d'euros de coût du travail de plus. Pour imager les choses, c'est l'équivalent de 350.000 emplois", a-t-il assuré sur RTL.
"Ça veut dire que les entreprises ne pourront pas recruter, et, pour certaines d'entre elles, devront licencier, et, de toute façon, ne pourront pas augmenter les salaires au moment où le marché de l'emploi se retourne", a-t-il assuré.
"Le législateur et nos gouvernants devraient faire attention à ça", a dit le président du Medef, au moment où le groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR) souhaite revenir sur les quatre milliards d'annulations d'allègements de charges prévus dans le budget de la Sécu.
Même le ministre de l'Economie et des Finances Antoine Armand le souhaite ouvertement à présent.
"Mon combat principal, c'est qu'on ait zéro augmentation du coût du travail, notamment sur les charges sociales", a indiqué M. Martin, prônant plutôt la baisse des dépenses publiques.
"A la décharge du Premier ministre, tout ça se fait dans l'urgence", a-t-il reconnu, "mais nous, on est demandeurs d'un cap".
"Nous regardons avec angoisse le monde se fermer. L'Europe est exportatrice, il ne faut pas se priver de débouchés à travers le monde", a-t-il enfin déclaré en référence à l'accord de libre-échange de l'Union européenne avec les pays latino-américains du Mercosur, qui met les agriculteurs français dans la rue.
Pour lui, "il y a probablement certaines clauses à réviser".
"Mais si on ne peut pas commercer avec les États-Unis parce que protectionnistes, avec la Chine, parce qu'insidieusement protectionniste, et qu'on s'interdit de commercer avec l'Amérique latine, avec qui commercera-t-on ?", s'est-il demandé, rappelant que 20% des salariés français travaillent pour l'exportation.