Le montant des prêts immobiliers accordés en octobre, hors renégociations, s'affiche en hausse continue depuis août, à 10,4 milliards d'euros, selon les chiffres de la Banque de France publiés vendredi.
Le crédit immobilier n'avait dépassé qu'une seule fois la barre symbolique des 10 milliards d'euros cette année, au mois de juillet. Au rythme actuel, l'année 2024 risque cependant d'être la plus faible depuis 2014.
"La conjoncture du marché des crédits s'améliore depuis le début de l'année, bénéficiant du redressement des intentions d'achat immobilier des ménages rassurés par le ralentissement de l'inflation et d'une offre bancaire plus dynamique", constataient jeudi les auteurs de l'étude mensuelle de l'Observatoire Crédit Logement/CSA.
Dans la zone lyonnaise, les agences immobilières Orpi de Maryll Imsissen ont vu "depuis septembre 2024 un retour massif des acquéreurs", avec une hausse de "plus de 30% des contacts" depuis septembre, explique la directrice de cinq agences.
"Comme toute crise, la reprise se fait par le bas", avec surtout des transactions qui concernent "des appartements, des petits biens et beaucoup de primo-accédants", tandis que les zones non urbaines ont encore "énormément de mal à capter des acquéreurs", détaille-t-elle à l'AFP.
Anaïs, urbaniste de 30 ans qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, a récupéré les clefs de son studio de 30 m³ à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) fin novembre. "J'ai envie d'acheter depuis quatre ou cinq ans, mais pas pour moi parce que je ne sais pas encore où je vais vivre dans ma vie future", raconte-t-elle à l'AFP.
Basée actuellement à Paris, elle a choisi sa région d'origine, pour investir dans un bien immobilier à louer, et "tant mieux que les taux aient baissé", même si la concrétisation de son projet était plus liée à sa situation professionnelle qu'au niveau des taux d'intérêt.
Fébrilité
Les taux d'intérêt moyens des nouveaux prêts semblent aujourd'hui atterrir: il n'ont que très faiblement baissé entre septembre et octobre, passant de 3,56% à 3,51%, selon la Banque de France.
Ces taux s'entendent hors frais et assurances. Tous frais compris, les taux ont atteint 4,39% pour une durée de vingt ans et plus au troisième trimestre, selon la même source.
Pour 100.000 euros empruntés sur 20 ans, il faudra compter environ 50.000 euros de coût de crédit sur la durée du prêt.
Ce niveau élevé atteint en quelques trimestres seulement a représenté un véritable choc pour le pouvoir d'achat immobilier des ménages. Au premier trimestre 2022, il était deux fois et demi moindre, à 1,80%.
Quant au marché parisien, il montrait des signes de reprise dès janvier, selon Camille Barbe, négociatrice immobilière au sein de l'agence des Enfants rouges. "On a eu un très bon début d'année, les mois d'avril et mai ont aussi été hyper dynamiques, mais la dissolution a mis un coup d'arrêt" aux transactions, raconte Mme Barbe.
Depuis septembre "ça repart", avec "énormément de visites mais pas beaucoup d'offres" déposées par des acquéreurs davantage "en position de pouvoir et qui essayent beaucoup de négocier les prix", témoigne-t-elle.
Mais la censure du gouvernement "risque de générer encore de l'attentisme de la part des acheteurs, qu'ils soient primo, secundo-accédants ou investisseurs car ils ont besoin de visibilité et de confiance en l'avenir pour se projeter sur un achat immobilier", soulignait jeudi Brice Cardi, président du réseau d'agences immobilières l'Adresse.
"Après la censure votée mercredi soir et la démission du gouvernement, des questions légitimes se posent sur la reprise du marché immobilier et sur l'évolution des taux de crédit", estimait de son côté vendredi Ludovic Huzieux, cofondateur d'Artémis courtage.
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