L'objectif de réindustrialiser la France, qui ne fait plus débat depuis les pénuries de masques et médicaments lors de la crise Covid, nécessite d'augmenter plus rapidement la valeur ajoutée créée par l'industrie que par les services et l'agriculture, rappelle Bpifrance.
La banque publique, qui a interrogé 2.800 chefs d'entreprises et 5.000 Français, fixe l'objectif de 12% de part d'industrie manufacturière dans le PIB d'ici 2035, contre 9,7% en 2023, pour atteindre l'équilibre de la balance commerciale en produits manufacturés.
Cela suppose, selon elle, de gagner "233 milliards de valeur ajoutée manufacturière", donc "d'accélérer fortement la production industrielle" et "d'anticiper la création de 600.000 à 800.000 emplois salariés supplémentaires".
"La marche est haute mais elle est atteignable", a commenté Philippe Mutricy, directeur des études.
"Le tissu industriel existant représente 70% de la marche à franchir", a-t-il expliqué, les 30% restants devant être réalisés par de nouveaux projets, français ou étrangers, pour un total de 71 milliards d'euros.
Lundi, quinze milliards d'euros de projets d'investissements ont été annoncés lors du sommet "Choose France" réuni à Versailles.
Alors que l'implantation d'usines est parfois contestée localement, 82% des Français se disent par ailleurs favorables à la réindustrialisation, même si le prix reste le premier critère d'achat cité, loin devant la production française.
Les secteurs les plus plébiscités au niveau national sont la pharmacie et la santé (60%), suivis par l'électrique et l'électronique (41%).
Côté représentations, la photo d'une usine d'où sort de la fumée arrive en tête, et 56% des répondants se disent préoccupés par les conséquences négatives de la réindustrialisation, notamment en termes de pollution.
L'emploi concentre de loin l'essentiel des attentes (44%) des Français.
Plusieurs cartographies révèlent également les bassins d'emplois où le potentiel de développement industriel est le plus fort.
"Alors que la dynamique industrielle se développe actuellement dans l'Ouest et le Sud-Ouest, les potentiels pour l'avenir semblent se situer dans le Nord et l'Est jadis désindustrialisés", constatent les auteurs.
"Tous les territoires ont du potentiel pour les projets industriels, mais tous ne peuvent pas et ne veulent pas attirer tous les projets", notent-ils.
Compte tenu des enjeux de sobriété foncière et de gestion de la ressource en eau, "l'industrie ne pourra plus choisir son territoire comme avant", juge encore l'étude, citant sa nécessaire acceptabilité par la population.