Adopté vendredi au terme de débats électriques sur fond de rébellion à écho national du monde de la culture, particulièrement ciblé, le budget des Pays de la Loire entérine une coupe de 100 millions d'euros dans ses dépenses de fonctionnement, dont 82 l'an prochain.
Le gouvernement démissionnaire, qui envisageait une mise à contribution de cinq milliards d'euros pour les collectivités en 2025 afin de redresser les comptes publics, n'en prévoyait que 40 pour cette région.
Un budget "de choix politiques forts pour l'avenir", assure la présidente Christelle Morançais (Horizons), qui, faute de levier fiscal, plaide pour un "recentrage sur les compétences prioritaires" de la région, à savoir l'investissement dans les lycées et les trains TER.
Si la culture, le sport et la vie associative sont des compétences partagées et ne représentent que 10,5% du montant des économies, les pourcentages à l'arrivée sont importants avec une amputation de 62% pour la culture ou de 76% pour le sport.
Le conseil économique social environnemental des Pays de la Loire s'est dit "très inquiet des répercussions brutales sur des milliers d'emplois".
Par-delà les chiffres, le discours politique a irrité, la présidente fustigeant sur X, en réponse aux critiques, "le monopole intouchable" de la culture et ses "associations très politisées, qui vivent d'argent public".
Les Pays de la Loire ont-ils fait des émules? "Les régions ont préparé leur budget sur la base d'un projet du gouvernement qui les mettait fortement à contribution, avec un gel de la TVA qui constitue près de 60% de leurs recettes", observe le spécialiste des finances locales Christian Escallier, pour qui les coupes dans la culture des Pays de la Loire ne sont "pas un cas isolé".
Jeudi, l'Ile-de-France a ainsi voté un budget d'investissement en baisse de 27% pour la culture, soit 14,9 millions d'euros en moins sur un total de 760 millions d'euros d'économies.
"Coupes aveugles"
Une "cure d'austérité sans précédent", selon l'opposition de gauche, qui dénonce aussi des "coupes à la hache" dans le logement, l'environnement, la formation professionnelle et les transports.
"Économies, ce mot n'est pas pour moi un mot tabou", a répondu la présidente LR Valérie Pécresse, plaidant aussi pour un recentrage sur les compétences régionales.
Les régions dirigées par la gauche ont refusé publiquement de "sortir la tronçonneuse" dans leur budget culture ou vie associative.
"Il y a un vrai débat entre libéraux et socio-démocrates", a estimé le président de la région Bretagne Loïg Chesnais-Girard (ex-PS).
"Je ne crois pas aux coupes aveugles qui taillent dans la dépense publique comme une mauvaise graisse", a-t-il taclé en référence à Christelle Morançais, préférant "étaler les investissements dans le temps" ou "différer la rénovation des lycées".
En Nouvelle Aquitaine pourtant, l'Opéra national de Bordeaux devra se passer de 350.000 euros de la Région. "Cette baisse représente 1,5% de leur budget", s'est défendue Charline Claveau, vice-présidente à la Culture.
"Si on devait baisser ailleurs que sur les gros opérateurs culturels, ce serait un carnage sur les structures plus petites et les festivals", explique-t-elle à l'AFP.
En 2025, Nouvelle Aquitaine et Normandie lèveront le pied sur le renouvellement des infrastructures ferroviaires et relèveront au 1er janvier la taxe sur les cartes grises.
Auvergne-Rhône Alpes coupera dans l'apprentissage, mais se félicite d'un investissement "record" d'1,7 milliard d'euros.
Certaines régions ont reporté leur vote à l'an prochain le temps d'y voir plus clair, comme l'Occitanie ou les Hauts-de-France.
"On finance des associations qui luttent contre la précarité" mais "on ne va pas réduire massivement les subventions dans ce domaine, car on sait très bien qu'elles ne résisteront pas à une baisse", souligne un membre du cabinet du président Xavier Bertrand (LR).
Un "coup de rabot" global a en revanche déjà été passé en PACA, où le président Renaud Muselier (Renaissance) souhaite "éliminer tous les doublons de dépense avec l'Etat".
Malgré la priorité à l'enseignement affichée par les régions, la FCPE, principale organisation de parents d'élèves, s'inquiète d'une tentation de "réduire les mètres carrés dans les lycées" en cas de baisse d'effectifs, et "d'un désengagement dans l'entretien du bâti scolaire".