Batinfo : Quelles étaient vos attentes avant la rencontre du 15 février ?
Jean-Christophe Repon : Après de nombreux appels restés sans réponse à l'ancienne première ministre Elisabeth Borne puis à Gabriel Attal, nous avons enfin pu obtenir une rencontre avec Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, et Guillaume Kasbarian, nouveau ministre du Logement.
Le but de cette réunion de travail pour la CAPEB était de rappeler au gouvernement la nécessité de réformer MaPrimeRénov' dans sa version 2024, de simplifier le dispositif et de permettre l'accès à ce marché aux entreprises artisanales du bâtiment.
On avait vraiment un mécontentement de la dernière version de MaPrimeRénov' ainsi qu'une insatisfaction de longue date de cette prime et du label RGE qui ne répondent pas totalement à la demande et notamment à l'agacement des entreprises artisanales qui demandaient de la simplification et de la visibilité.
Batinfo : Quels ont été les axes de cette réunion sur MaPrimeRénov' ?
Jean-Christophe Repon : La première partie des travaux envisagés lors de cette réunion est sur un temps court en envisageant comment lever les freins pour utiliser les fonds nécessaires de MaPrimeRénov' pour générer de l'activité pour les artisans tout en répondant à la trajectoire de performance énergétique que s'est fixée la France.
On sait que l'année dernière plus d'un milliard d'euros du budget de MaPrimeRénov' n'a pas été consommé comme l'a annoncé l'Anah dans sa conférence de presse de début janvier.
Même si la nouvelle version de MaPrimeRénov' peut sembler intéressante sur le dispositif Mon Accompagnateur Rénov', nous ne la considérons néanmoins ni opérationnelle ni en correspondance avec le marché actuel.
La réalité du terrain nous confirme bien que les clients ne demandent que très rarement des rénovations d'ampleur, rendant donc moins pertinent l'objectif de rénovation global de cette nouvelle version de MaPrimeRénov'.
Les arbitrages tirés de la réunion du 15 février doivent être écrits dans les deux prochaines semaines pour leur permettre d'être opérationnels rapidement. Ils comportent notamment d'accorder aux entreprises compétentes en France de réaliser les chantiers de rénovation, d'avoir un certificat de performance énergétique et donc faire bénéficier les clients de MaPrimeRénov' sans être RGE.
Les ministres en présence ont semblé être d'accord avec nous sur le fait de vouloir valider la compétence de l'artisan, non pas sur un dossier administratif comme actuellement, mais sur un dossier opérationnel. Avec 620.000 entreprises artisanales actuellement, cela permettrait d'accélérer grandement la rénovation en France. Aujourd'hui, seules 60.000 entreprises sont compatibles avec le dispositif MaPrimeRénov'.
Le manque de MAR (MonAccompagnateurRénov') en France alors que ceux-ci sont obligatoires pour remplir un dossier de rénovation a été également été abordé. Nous avons rappelé que de nombreux dossiers sont refusés à cause de cela. Nous avons donc proposé que sur les dossiers qui ne nécessitent pas des subventions les plus importantes, on puisse engager ce dossier en l'absence d'un MAR.
Un autre point qui a été abordé concerne la possibilité de faire un mono-geste pour contribuer à une évolution positive du nombre de rénovations énergétiques, y compris en rénovation globale.
La deuxième partie des travaux envisagés se situe sur le long terme avec la volonté de simplifier les dossiers MaPrimeRénov' et RGE. Cet axe continuera à être étudié tout au long de l'année pour s'appliquer en 2025.
Parmi les autres revendications évoquées nous avons également la question du "mieux travailler ensemble" avec le Groupement Momentané d'Entreprises pour permettre aux artisans de se regrouper pour temporairement concurrencer les entreprises générales de grande ampleur.
Batinfo : Avez-vous le sentiment d'avoir été écouté et compris ?
Jean-Christophe Repon : La démarche prise par la technostructure, les directions générales et la planification transverse n'est vraiment pas favorable à l'artisanat. Nous avons vraiment besoin de redonner rapidement de l'activité aux artisans et de la visibilité sur le marché de la rénovation qui va être porteur dans les années à venir.
J'attendrais l'écriture des décrets et des arbitrages dans 15 jours pour être définitivement satisfait. On sait bien que tant rien n'est écrit, il faut rester prudent. Je voudrais leur faire confiance et nous allons continuer à travailler ensemble.
Interview réalisée le vendredi 16 février.