Batinfo : Comment se termine 2016 et quels en ont été les points forts pour votre organisation ?
Patrick Liébus : Ce fut une année durant laquelle il a fallu encore se battre pour pérenniser le léger redémarrage qui apparaissait en début d’année. S’il est effectif sur l’ancien, la réhabilitation et le neuf, malgré tout, on ne peut pas parler d’une reprise phénoménale ! C’est une année de mouvement très léger, une année qui aurait pu redonner un peu d’espoir, mais l’on assiste à une fin de période encore difficile en dépit de certains chiffres. Il y a un redémarrage certes, mais il reste encore beaucoup de problèmes de trésorerie dans nos entreprises, et donc encore beaucoup d’inquiétude.
2016 est aussi la dernière partie d’un mandat électif au niveau présidentiel, avec un budget qui s’est clos fin septembre : il a fallu être attentif sur la pérennité de certaines décisions prises comme la TVA, le crédit d’impôt, jugé récemment « inefficace » dans un rapport de la Cour des comptes. Rappelons que si l’on ne s’était pas battu pour la TVA, la situation aurait été bien pire. Et c’est sans compter sur les batailles menées contre les lois El Khomri, Sapin et Macron ! D’ailleurs, le temps fort de notre combat syndical de 2016 a bien été sur cette loi Macron qui remettait en question la qualification des artisans. Beaucoup de déstabilisation, d’énergie dépensée, bref, une année assez tendue au final, mais intéressante tout de même. Il a fallu être sur le pont jusqu’au bout, notamment sur le dossier de révision de la directive du travail détaché, que j’ai porté au niveau européen – et dont la révision est attendue pour septembre prochain… après de nouveaux engagements de la France en amont. Et sur celui, brûlant, du fonds pour le financement de la qualité des travaux (qui finance le PACTE, le PTNB et le PABA, ndlr), dont on vient d’apprendre qu’il sera ponctionné de 60 M€ pour renflouer les caisses de l’Etat !
Batinfo : La fin d’année vous a apporté aussi son lot de surprises…
Patrick Liébus : On a effectivement reçu comme un coup de massue l’annonce du prélèvement à la source qui sera effectif en 2018. Une mesure totalement irréalisable et incompréhensible ! Et surtout le compte pénibilité, qui entre en vigueur dès ce 1er janvier et qui devrait prendre de nouvelles orientations.
Finalement, nous avons mené des combats, et en avons gagnés de beaux ! Ce qui nous sauve, c’est notre capacité de mobilisation très forte. Nous avons appris à être entendus et écoutés…
Batinfo : Qu’attendez-vous pour 2017, année charnière politiquement ?
Patrick Liébus : Notre organisation continuera d’occuper sa place pour protéger un secteur qui en a toujours besoin. Année électorale oblige, nous publierons prochainement un document qui reprendra nos revendications, mais qui ne sera pas un énième libre blanc. Puis nous commencerons les rencontres avec les candidats, une fois que les primaires seront achevées, et aborderons avec eux les sujets qui nous préoccuperont dans les mois à venir : prélèvement à la source, concurrence déloyale, pénibilité… Nous attendons leurs positions sur ces points.
Ce sera une année difficile et complexe, qui se déroulera entre attentisme et nouveaux projets. Un changement de majorité semble se dessiner, mais des inquiétudes persistent, quand on entend certains programmes teintés d’un grand libéralisme. Bref, ce ne sera pas une année sans danger.
Batinfo : Une nouvelle entité est née, baptisée U2P. Est-ce un tournant dans le monde syndical ?
Patrick Liébus : En effet, 2017 marque l’entrée en scène de U2P, née du rapprochement entre l’UPA et l’UNAPL. Nous allons bénéficier d’une image complètement renouvelée et partir avec de nouvelles ambitions, et surtout une nouvelle dimension. Ce qui ne manquera pas de troubler les autres organisations patronales. Quant à la Capeb, mon objectif est de la développer au niveau européen, via l’EBC dont je suis le président. D’ailleurs, je compte bien y faire entrer de nouveaux adhérents comme la Scandinavie ou l’Autriche.
En conclusion, si j’avais un message en ce début d’année, ce serait que nous restions unis dans notre secteur du bâtiment, et de l’artisanat en général, de façon à en porter haut les couleurs. Je continuerais à me battre contre ceux qui nous veulent du mal.
Propos recueillis par Carine LAUGA