Ces travaux réalisés par le Centre de droit et d'économie du sport (CDES) revoient à la hausse les premières prévisions de l'impact économique des Jeux pour la région capitale évalué en 2016 entre 5,3 et 10,7 milliards d'euros. Aucune estimation des retombées n'a été fournie à l'échelle de la France entière, Paris et sa région concentrant "une très large majorité des sites de compétition ainsi que la plupart des épreuves sportives", argumente le CDES.
Les chiffres publiés mardi, qui prennent en compte l'impact de l'inflation sur les retombées, se décomposent en trois grands blocs: les recettes liées à l'organisation de l'événement, celles découlant de la construction ou de la rénovation des infrastructures et enfin celles attendues du tourisme. Les retombées espérées s'échelonnent de 2018 à 2034.
Comme le rappelle le responsable des études économiques au CDES Christophe Lepetit, l'étude mesure "le surcroît d'activité par rapport à une situation où l'événement" n'aurait pas été organisé, plutôt que la "rentabilité" des Jeux, qui sera évaluée dans une étude distincte.
Organisation
Les retombées générées par les dépenses du comité d'organisation des Jeux vont de 3,2 milliards ("scénario bas") à 4,6 milliards d'euros ("scénario haut"), le "scénario central" tablant sur des retombées de 3,8 milliards.
L'impact économique des dépenses d'organisation est concentré entre 2018 et 2024, durant les phases de préparation puis de déroulement des Jeux olympiques et paralympiques, détaille le CDES. Les retombées attendues pendant la "phase d'héritage" des Jeux (2025-2034) atteindront au mieux 322 millions d'euros.
Pour gommer l'effet de l'inflation survenue depuis la dernière étude, qui a pu contribuer à gonfler les retombées espérées, le CDES a également calculé l'impact économique des Jeux en "euros constants".
Avec ce changement de méthode, les retombées attendues sont plus modestes: 2,7 milliards dans le "scénario bas", 3,2 dans le "scénario central" et 3,9 dans le meilleur des cas.
Construction
Alors que de nombreuses infrastructures sportives qui accueilleront des épreuves des Jeux étaient déjà construites avant l'attribution de l'événement à la France, les retombées attendues des dépenses de construction et de rénovation sont comprises entre 2,1 et 3 milliards d'euros, avec un scénario intermédiaire chiffré à 2,5 milliards.
Les retombées se concentreront à nouveau entre 2018 et 2024, à peine quelques dizaines de millions d'euros étant attendus sur la période 2025-2034.
En euros constants, l'impact économique des Jeux s'établirait dans une fourchette de 1,8 à 2,5 milliards d'euros.
Les auteurs de l'étude soulignent qu'ils se sont volontairement bornés à calculer les retombées directement liées à la construction ou la rénovation d'infrastructures "véritablement nécessaires aux Jeux" (stades, village olympique...).
Certaines dépenses d'infrastructures moins directement liées à l'événement sont donc exclues du calcul. C'est par exemple le cas du Grand Paris Express, écarté du calcul des retombées en 2016 comme en 2024, précise Christophe Lepetit.
Tourisme
C'est le poste pour lequel l'incertitude est la plus forte quant aux retombées, puisque les touristes ne sont pas encore arrivés en France pour les Jeux.
Les retombées devraient atteindre 1,4 à 3,6 milliards d'euros en prenant en compte l'inflation, et 1,2 à 3 milliards en euros constants.
L'impact dépendra notamment du nombre de billets vendus pour les épreuves olympiques et paralympiques.
Parmi les 12,4 à 14 millions de billets jugés "commercialisables" par le CDES, au minimum 77% devraient trouver preneur pour les JO et au moins 62% pour les Jeux paralympiques, anticipe le CDES.
Contrairement aux deux autres postes, les retombées liées au tourisme pendant la "phase d'héritage" des Jeux (2025-2034) pourraient être considérables, "du fait d'une croissance potentielle du tourisme post-Jeux en Île-de-France": de 201 millions à 1,2 milliard d'euros selon les scénarios.
Malgré cette pluie de chiffres, la comparaison des retombées des Jeux de Paris et de celles des éditions précédentes est ardue.
"Il est difficile de comparer des réalités différentes, des pays différents, des économies différentes", souligne Tania Braga, directrice de l'héritage au CIO.