Le produit intérieur brut (PIB), qui avait crû de 0,2% entre janvier et mars, "serait encore porté ce trimestre par les services marchands, grâce notamment au commerce, aux services aux entreprises et à l'information-communication", a indiqué l'institution monétaire.
Alors que l'activité a été "très forte" en avril, elle a toutefois prévenu que sa prévision pour la période allant d'avril à juin était "entourée d'une incertitude plus large qu'habituellement" en raison des jours fériés et ponts du mois de mai.
Un changement de la base utilisée par l'Institut national de la statistique (Insee) pour ses comptes nationaux, qui sera mis en oeuvre le 31 mai, pourrait également affecter le calcul de la croissance trimestrielle.
"Rattrapage"
Pour l'ensemble de 2024, la Banque de France table sur une croissance de 0,8%, plus pessimiste que la prévision du gouvernement (1%).
Elle publiera en juin ses nouvelles prévisions macroéconomiques à moyen terme, intégrant les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement pour redresser les finances publiques.
L'exécutif a déjà acté 10 milliards d'euros d'économies dans les dépenses de l'État et cherche 10 milliards supplémentaires pour 2024, afin d'atteindre son nouvel objectif de déficit public (5,1% du PIB contre 4,4% espérés précédemment).
Sur le seul mois d'avril, l'activité a progressé dans les services, l'industrie et le bâtiment "à la faveur notamment d'un rattrapage après un mois de mars en retrait et en vue d'un mois de mai au ralenti", a détaillé la Banque de France dans son enquête mensuelle de conjoncture.
Il y a eu "une très forte activité", avec "à l'intérieur des trois secteurs, quasiment tous les sous-secteurs (...) en hausse", a déclaré Olivier Garnier, son directeur général chargé des statistiques, des études et de l'international, lors d'un point presse.
Le secteur industriel du caoutchouc-plastique et les services aux particuliers (loisirs, hébergement, restauration,...), du fait d'une météo défavorable, font figure d'exception.
"Modération" des prix
En raison des effets de calendrier, l'activité resterait ensuite étale en mai dans les services - même si l'hébergement-restauration profiterait des congés. Elle se replierait dans l'industrie et le bâtiment, selon les anticipations de 8.500 chefs d'entreprise ou établissements interrogés entre le 26 avril et le 6 mai.
Concernant les carnets de commandes, ils sont toujours jugés "dégradés" dans l'industrie, sauf l'aéronautique. Ils restent "très en retrait" par rapport à la période pré-Covid dans le gros oeuvre du bâtiment, fortement pénalisé par la morosité de la construction de logements neufs.
Sur le front des prix, la Banque de France a signalé une poursuite de "la modération des prix de vente" dans un contexte marqué par le repli de l'inflation qui pourrait, selon son gouverneur François Villeroy de Galhau, conduire la Banque centrale européenne (BCE) à baisser ses taux le 6 juin.
Seulement 6% des entreprises dans l'industrie et 2% dans le bâtiment ont augmenté leurs prix, soit un niveau moindre que pour les mois d'avril d'avant le Covid-19. Et elles sont respectivement 5% et 8% à les avoir baissés.
En revanche, les services ne connaissent pas encore de retour à la normale: 12% des entreprises du secteur ont augmenté leurs prix, surtout dans la publicité, les études de marché et le nettoyage, et seules 3% les ont baissés.
Les difficultés d'approvisionnement sont également en nette amélioration en avril. Elles "se font rares" dans le bâtiment (6%), selon la Banque de France, et dans l'industrie, elles ne sont plus mentionnées que par 10% des entreprises. Dans l'automobile et l'aéronautique cependant, un quart en font état pour certains composants en raison des problèmes en mer Rouge.
A l'opposé, les difficultés de recrutement ne reculent que très lentement, 38% des entreprises en signalant en avril, contre 39% en mars.
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