Le chef de l'Etat doit profiter de cette visite pour dévoiler le lauréat d'un des appels d'offres en cours, portant sur un parc d'éolien flottant d'une puissance de 250 mégawatts au sud de la Bretagne, une technologie encore en développement pour installer des sites plus au large.
Cette étape en Seine-Maritime s'inscrit dans un double déplacement normand : jeudi matin, il a assistera à Flamanville, dans la Manche, à la fin du chargement d'uranium du premier EPR français en vue du démarrage, avec douze ans de retard, du plus puissant réacteur nucléaire du pays.
A moins de quatre semaines des élections européennes très difficiles pour son camp, Emmanuel Macron entend défendre sa politique énergétique définie à Belfort en 2022, qui mise à la fois sur le développement des renouvelables et la relance de l'atome.
"C'est positif que le président souligne que les énergies renouvelables sont tout aussi importantes que le nucléaire", estime Andreas Rüdinger, de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
Selon cet expert de la transition énergétique, "même si la France revendique de marcher sur ses deux jambes, il ne faut pas se tromper sur les défis à venir: l'électrification prévue d'ici 2035 (...) dépendra en premier lieu de la capacité à accélérer le développement de toutes les filières d'énergies renouvelables (éolien offshore, terrestre et photovoltaïque)".
Alimenter 700.000 Français
Bastien Cuq, responsable énergie du Réseau Action Climat, se réjouit aussi de ce soutien à l'éolien offshore, mais appelle à ne pas "laisser tomber l'éolien terrestre", qui a "besoin d'un important soutien face aux attaques", car cela reviendrait à "menacer la sécurité d'approvisionnement".
Il déplore par ailleurs le fait que la "sobriété énergétique", une des priorités de l'an dernier, semble aujourd'hui "portée disparue dans la communication gouvernementale".
L'exécutif estime que l'envolée des prix de l'énergie et la guerre en Ukraine ont validé ces choix qui font de la France, plaide-t-il, un des pays d'Europe les plus indépendants de l'extérieur en la matière.
Le parc de Fécamp, où 71 éoliennes ont été installées et qui fonctionnera à 100% au cours de l'été pour une puissance d'environ 500 MW, est l'un des trois terminés avec ceux de Saint-Brieuc et Saint-Nazaire. Il doit permettre d'alimenter près de 700.000 Français.
Une dizaine d'autres sont en construction ou prévus, et un énorme appel d'offres doit être lancé en 2025 pour la production de 10 gigawatts supplémentaires à l'horizon 2035 -- soit l'équivalent de la consommation électrique annuelle de 10 millions de foyers.
Début mai, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait reconnu un "retard à l'allumage" en matière d'éolien en mer, tout en réaffirmant l'objectif gouvernemental : passer d'une production de 1,5 GW en 2024 à 18 GW en 2035 et 45 GW en 2050 (soit une cinquantaine de parcs).
Jeudi à Flamanville, Emmanuel Macron assistera à la fin du chargement d'uranium dans les cuves de l'EPR qu'EDF espère voir produire de l'électricité à partir de l'été, pour une facture totale estimée par l'électricien à 13,2 milliards d'euros. Cette opération a débuté une semaine plus tôt.
Regardant la mer, sur la pointe du Cotentin, le réacteur de 1.600 MW qui permettra d'alimenter près de trois millions de ménages sera le plus puissant du parc nucléaire français qui en comptera désormais 57.
A l'heure où le gouvernement veut construire jusqu'à 14 réacteurs en France, c'est une étape majeure pour la filière qui veut tourner la page d'un chantier laborieux de 17 ans, émaillé de multiples problèmes et de surcoûts colossaux.