La Banque centrale française estime que l'activité "se situerait en octobre presque à 100% de son niveau d'avant-crise", selon son point de conjoncture publié lundi.
Les chefs d'entreprises anticipent notamment une amélioration de l'activité dans l'industrie et les services, et une stabilisation dans le secteur du bâtiment.
La Banque de France a ainsi confirmé sa prévision d'une croissance de 6,3% pour l'ensemble de 2021.
L'Insee table, elle, sur une croissance de 2,7% au troisième trimestre, puis de 0,5% au quatrième, et de 6,25% sur l'ensemble de l'année 2021. Le gouvernement, lui, vient de rehausser sa prévision à 6,25% également.
En septembre, l'activité globale a progressé, pour atteindre 99,5% de son niveau d'avant crise, mais elle est en légère baisse dans l'industrie, souligne la Banque de France.
L'industrie souffre en effet de plus en plus de difficultés d'approvisionnement, puisqu'en septembre 56% des entreprises de ce secteur disent avoir été pénalisées, contre 51% en août.
C'est vrai en particulier dans l'automobile, alors que de nombreux constructeurs ont dû réduire leur production faute de composants.
Le taux d'utilisation des capacités de production y est ainsi tombé à 56%, contre 69% en août, très en deçà de la moyenne de l'ensemble des sous-secteurs industriels, qui était de 77% en septembre, très proche de son niveau d'avant-crise (78%).
Dans les services, une embellie se dessine dans les activités de loisirs, de service à la personne et la restauration.
Le secteur du bâtiment résiste désormais mieux aux difficultés d'approvisionnement, soutenu par des carnets de commande bien garnis.
Ces difficultés d'approvisionnement s'accompagnent toujours d'une hausse des prix des matières premières et des produits finis. Mais "dans certains secteurs, les hausses de prix sont moins marquées que les mois précédents", souligne la Banque de France, citant l'automobile, la métallurgie, les produits en caoutchouc et le plastique.
D'ailleurs, les chefs d'entreprises anticipent une hausse un peu plus modérée en octobre.
Le gouvernement relève sa prévision de croissance pour cette année à 6,25%
Conséquence d'une reprise économique plus dynamique qu'anticipé, le gouvernement a relevé sa prévision de croissance pour 2021, à 6,25%, contre 6% attendu précédemment, s'alignant ainsi sur les prévisions de la plupart des grandes institutions.
"La croissance est forte, elle est solide, elle est dynamique. Nous réviserons donc la prévision de croissance pour 2021, de 6 à 6,25%. Nous retrouverons en décembre 2021 le niveau d'activité d'avant-crise", a annoncé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, à l'Assemblée nationale, devant les députés qui entamaient lundi après-midi l'examen du dernier budget du quinquennat.
Le gouvernement s'aligne ainsi sans surprise sur la prévision de l'Insee et se rapproche de celles de la Banque de France (6,3%) ou de l'OCDE (6,3%) publiées en septembre.
Ce rebond de l'économie française intervient après une récession historique en 2020 du fait de la crise sanitaire, qui a provoqué une chute de 8% du produit intérieur brut (PIB).
Si le gouvernement affichait une volonté de "prudence" jusqu'ici, le succès de la campagne de vaccination et la mise en place du pass sanitaire cet été, sans trop de conséquences sur l'activité, lui permettent désormais de revoir légèrement ses ambitions.
Après un début 2021 atone, du fait du maintien des restrictions sanitaires, l'activité est fortement repartie depuis la mi-mai. Elle devrait désormais retrouver d'ici la fin d'année son niveau de fin 2019, avancent les économistes comme le gouvernement.
Outre un rebond mécanique avec la réouverture de nombreuses activités, le ministre de l'Economie y voit aussi le succès de "la politique économique" du gouvernement, des mesures de soutien au plan de relance, en passant par les choix économiques d'avant-crise.
Signe révélateur mis largement en avant par l'exécutif ces dernières semaines: l'emploi se situe à des niveaux inédits. Le taux de chômage pourrait retomber à 7,6% au troisième trimestre, du jamais-vu depuis la crise financière de 2008.
"Plein emploi" sous deux ans
Alors que le risque sanitaire semble s'éloigner pour l'instant, Bruno Le Maire a relevé trois nouveaux dangers pour l'économie française, dont le risque de conflit "exacerbé" entre les nations, qui doit conduire la France et l'Europe à reconstruire leur "indépendance", notamment industrielle.
Emmanuel Macron présentera mardi dans cette optique un plan d'investissement, baptisé "France 2030", qui vise à financer le développement de technologies d'avenir (hydrogène, biotechnologies, espace, nucléaire, etc.).
Les autres risques pointés par le ministre de l'Economie sont l'inflation, dont la poussée, tirée par les prix de l'énergie, grève le pouvoir d'achat des Français, et les difficultés de recrutement croissantes dans un certain nombre de secteurs (restauration, bâtiment, etc.).
"Le plein emploi, nous pouvons y arriver sous deux ans", a affirmé Bruno Le Maire devant les députés, dans un discours aux accents de campagne électorale, à six mois de l'élection présidentielle.
Il a aussi défendu le sérieux budgétaire du gouvernement, malgré l'explosion de la dette publique et du déficit durant la crise.
Ce dernier, attendu jusqu'ici à 4,8% du PIB l'an prochain (après 8,4% cette année), devrait finalement avoisiner les 5%, le gouvernement devant encore prendre en compte les dépenses engendrées par le plan "France 2030", le futur revenu d'engagement promis pour les jeunes, que le gouvernement peine à finaliser, et les mesures de compensation face à la hausse des prix de l'énergie.