Lundi, c'est la Première ministre Elisabeth Borne qui annoncera des mesures issues des consultations du Conseil national de la refondation (CNR) dédié au logement.
Mais des associations aux organisations patronales, qui ont planché pendant des mois sur ces propositions, l'espoir d'avoir des réponses à la hauteur de la crise du logement est ténu.
Car onze mois après son entrée au gouvernement, Olivier Klein, ministre délégué à la Ville et au Logement, peine à infléchir la doctrine de l'Elysée et de Bercy qui voient souvent le logement comme un poids sur la dépense publique.
Dans le cadre du CNR Logement, il devait lui-même annoncer début mai les mesures qu'il retenait... mais la réunion a été reportée d'un mois à la demande de Matignon qui a ensuite pris la main sur les annonces.
Entre-temps, l'exécutif a préparé le terrain à de nouvelles coupes budgétaires, alors que promoteurs et constructeurs avertissent d'une crise inédite.
Emmanuel Macron a fustigé, en matière de logement, un "système de sur-dépenses publiques pour de l'inefficacité collective", tandis que le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a prévenu que le logement serait particulièrement sollicité pour faire des économies dans le budget 2024.
Olivier Klein a encaissé sans broncher.
"Des convictions, il en a, mais j'ai l'impression qu'il est dépassé. Il n'arrive pas à donner une impulsion, à gagner des arbitrages", regrette la sénatrice LR Dominique Estrosi-Sassone, fine connaisseuse des politiques du logement.
Fibre sociale
Tous les interlocuteurs de cet ancien prof de physique-chimie de 56 ans, lunettes rondes et barbe de trois jours, saluent sa compétence et sa fibre sociale.
Avant d'être ministre, il a dirigé l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), puissant instrument de la politique de la ville, et été maire d'une des communes les plus pauvres de France, Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qu'il a contribué à désenclaver.
Depuis son arrivée à l'hôtel de Roquelaure, siège du ministère, il répète à l'envi sa formule: "que le logement ne soit pas la bombe sociale de demain".
"Pour nous, le ministre du Logement, et encore plus Olivier Klein de par son parcours, est un allié", affirme à l'AFP Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, qui regroupe des associations d'aide aux personnes sans domicile.
Mais les associatifs tiennent rigueur à cet homme de gauche, passé par le PCF puis le PS, de ne pas avoir empêché l'adoption de la loi anti-squatteurs portée par le député de la majorité Guillaume Kasbarian.
Ce sont surtout le Sénat et la Première ministre qui ont pesé pour en retirer les dispositions les plus controversées, grincent plusieurs acteurs impliqués.
Sur chaque dossier, "on a l'impression qu'il faut pousser, pousser nous-mêmes pour que ça bouge", déplore Pascal Brice.
"On peut être utile de l'intérieur", rétorque Olivier Klein.
Il a en effet obtenu quelques victoires, comme le maintien de places en hébergement d'urgence que le gouvernement entendait fermer, ou une revalorisation des aides au logement (APL) qui avaient souffert sous le premier quinquennat d'Emmanuel Macron.
Rapport de forces
Mais l'impatience monte face à d'autres chantiers qui prennent du retard.
Ainsi du plan "Logement d'abord 2" pour donner un toit aux plus vulnérables, de la négociation des contrats de ville pour les quartiers prioritaires et de la signature d'un "pacte de confiance" avec les bailleurs sociaux.
Ou encore des négociations avec les banques pour assouplir l'accès au crédit, comme de la réglementation des meublés touristiques type Airbnb.
En octobre, il annonçait que l'interdiction progressive de louer des logements énergivores s'appliquerait aussi aux meublés touristiques, comblant un vide qui inquiétait. Sept mois plus tard, la mesure n'a pas encore été mise en route.
"Pour moi, ce n'est pas une question de personne", évacue Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre et co-animateur du CNR Logement. "Le bras de fer entre les ministres du Logement et Bercy est souvent énorme, et le rapport de forces est souvent défavorable aux ministres du Logement".