Les équipements de protection individuelle, les règlements de conduite, la sensibilisation aux bonnes pratiques ou encore l’aménagement sécuritaire des zones de travail sont aujourd’hui majoritairement intégrés par les entreprises de construction et ont permis de baisser le nombre d’accidents sur les chantiers. Pourtant les chiffres restent dramatiquement vertigineux : en 2023, on estime qu’une personne décédait chaque jour à cause d’un accident de travail dans le BTP en France ; et chaque année, environ 90.000 accidents de travail sur des chantiers sont déclarés.
Il existe cependant un autre levier pour renforcer la sécurité, auquel les organisations ne pensent pas forcément : le numérique. Bien que non palpable, il peut contribuer à sauver des vies et prévenir des accidents pouvant être évités. Le dernier rapport de l’Observatoire des tendances d’innovation dans le BTP place d’ailleurs la sécurité sur le podium des éléments déterminants (aux côtés de la productivité et de la qualité) où les apports du numérique sont les plus impactants.
Lorsque l’on pense numérique ou digitalisation dans la construction, de prime abord, nous pensons performance et ingénierie : établissement de plans, calcul de mesures, simulations, etc. Et non sécurité physique des personnes. Alors en quoi le numérique peut être un élément fort dans la politique de sécurité des entreprises de construction ?
Numériser les actifs de construction : faire que le virtuel rejoigne le monde physique
Ce n’est que parce que les actifs de la construction seront digitalisés que la sécurité sur les sites sera renforcée. Que cela signifie-t-il concrètement ?
Sur un chantier, il y a de multiples variétés d’actifs : véhicules, grues, pelles, pelleteuses, chargeuses, niveleuses, tombereaux, tractopelles, engins de compostage, chariots de manutention, engins de nivellement, de sondage ou encore de forage, compacteurs, porte- engins, bouteurs, etc. Qu’ils soient motorisés ou non, ils peuvent être équipés de sondes et de capteurs qui permettront de savoir où se trouve tel ou tel équipement grâce à la géolocalisation, d’optimiser la disponibilité de ceux-ci grâce à la mise en place de la maintenance prédictive ou planifiée, ou encore d’améliorer leur consommation énergétique. Cela représente déjà un sérieux atout pour la continuité d’un chantier et le respect des délais.
Mais ces engins soulèvent aussi une question de sécurité, tant pour les personnes qui les utilisent que pour celles qui se trouvent à proximité lorsqu’ils sont en fonctionnement. Le fait qu’ils soient numérisés va apporter un premier niveau de sécurité puisque l’entreprise connaît en temps réel leur “état de santé”. L’étape suivante est de les équiper de caméras connectées. On parle ici de caméras embarquées ou de dashcams.
Les caméras embarquées, de véritables alliées pour la sécurité des personnes
Les caméras embarquées sont de plus en plus monnaie courante dans le secteur du transport et de la logistique. Le secteur de la construction a beaucoup à gagner en les intégrant à son tour. Car avec l’appui de ces dashcams, le numérique permet d’aller encore plus loin en matière d’optimisation de la performance des engins de chantier et de leur consommation énergétique, mais aussi en termes d’amélioration de la sécurité physique des ouvriers.
En effet, le principe de ces caméras est de filmer aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. L’objectif : détecter des incidents en temps réel (distraction, conduite à risque, présence humaine à proximité, etc.) afin de prévenir le conducteur et éviter ainsi tout éventuel accident. Utilisant de plus en plus l'intelligence artificielle, ces caméras permettent d’alerter le conducteur en cas de risque grâce à l’analyse en temps réel des données et à l’apprentissage automatique.
A l’instar des capteurs, les caméras embarquées sont reliées au back-office de l’entreprise. Leur déploiement peut donc soulever une résistance de la part des ouvriers qui peuvent facilement penser que ces installations sont un prétexte pour le surveiller durant leur temps de travail. Loin de cette idée de “flicage”, de telles caméras embarquées garantissent la protection de la vie privée du conducteur et des personnes à l’extérieur des engins, notamment grâce à des principes de floutage des visages et à l’anonymisation des données. Des actions de sensibilisation pour faire comprendre qu’elles sont utilisées dans l’intérêt des ouvriers et justifier de leur présence peuvent alors être nécessaires.
La réputation de l’entreprise en jeu
Assurer la sécurité de ses ouvriers sur ses sites est un véritable défi au quotidien pour les entreprises de la construction. Indéniablement parce que des vies sont en jeu. Et parce que leur réputation et leur image peuvent se trouver également, à juste titre, fortement impactées.
Un chantier sur lequel survient un accident est souvent associé à une entreprise négligente ou qui privilégie le profit au détriment de la sécurité de ses ouvriers. A contrario, une entreprise qui alloue toutes les ressources possibles pour assurer cette sécurité en tire des effets positifs en termes d’image.
Ces différents enjeux sont bien compris des plus grandes organisations de cette industrie. Une tendance à ce sujet s’observe d’ailleurs de plus en plus : les grands donneurs d’ordres sur les chantiers équipent directement leurs sous-traitants de ces caméras embarquées.
Le numérique et l’intelligence artificielle dans la construction sont de véritables partenaires à la fois des ouvriers et des entreprises : performance, durabilité mais aussi et surtout sécurité. L’industrie de la construction peut devenir une industrie beaucoup plus sûre grâce au digital et, dans un monde où les enjeux sociétaux ont un impact direct sur leur business, les entreprises mettant en œuvre les technologies disponibles pour maximiser la sécurité de leurs collaborateurs vont clairement se différencier.
Tribune de Gaël Peron, Regional Sales Director chez Samsara France (Linkedin).