Le long des rails, devant un local technique, une centaine de cheminots - moins nombreux qu'attendus en raison des difficultés de transport - ont sans surprise reconduit l'arrêt de travail à l'unanimité, pour 24 heures. Et il y a peu de doutes que "ça tienne jusqu'au 10", vendredi, selon Gauthier Tacchella, de FO Paris Nord.
Mais "la question va se poser" si l'unité entre syndicats et secteurs se fissure en fin de semaine, reconnaît il.
"Ca y est, on y est, la grève reconductible", lance au micro Anthony Auguste, agent commercial de la ligne H du réseau de banlieue de la région parisienne, et délégué syndical SUD Rail.
"Il faut qu'on tape fort rapidement", explique à l'AFP le jeune homme, agent SNCF depuis 2013. "Cette semaine est cruciale" pour la suite du mouvement.
Alors que les syndicats nationaux ont promis de "mettre la France à l'arrêt" mardi par une vaste grève dans plusieurs secteurs, des trains aux raffineries en passant par l'éducation nationale, l'installation du mouvement social dans la durée reste difficile à prévoir, a fortiori avec la réticence de la CFDT et d'autres syndicats à appeler à une grève reconductible comme la CGT le souhaite.
"Vendredi, les cheminots vont être attentifs aux autres secteurs", explique Fabien Dumas, secrétaire fédéral SUD Rail.
"Jusqu'au retrait"
Contrairement à la plupart des autres secteurs de l'économie française, tous les syndicats représentatifs de la compagnie publique ont lancé une grève reconductible, contraignant mardi la SNCF à annuler 80% de ses TGV. En région parisienne, de nombreux trains de banlieue roulent au ralenti.
La Gare du Nord était largement déserte en fin de matinée. Et mercredi le trafic restera "très fortement perturbé", selon la SNCF, en attendant les prévisions pour jeudi et vendredi.
"Une nouvelle étape du mouvement commence, la grève reconductible", lance Eric Challal, délégué Sud Rail, aux collègues sous des applaudissements soutenus.
Au micro, les messages d'unité entre les syndicats se multiplient. On jure de tenir "jusqu'au retrait", de "mobiliser" davantage.
"On sait que le mouvement va être dur", juge Monique Dabat, retraitée de la SNCF, toujours présente chez SUD Rail.
Le "cumul" des grèves dans plusieurs secteurs et "savoir qu'on est pas seul": l'unité est déterminante, juge celle qui avait participé aux grèves massives de 1995 contre le "plan Juppé" d'un redressement de la Sécurité sociale, avec un volet de réforme des retraites.
Les trains et métros avaient été paralysés pendant plus de trois semaines, avec des manifestations rassemblant à leur apogée entre un et deux millions de personnes.
"Vendredi, on aura un signal" avec les votes sur la reconduction de la grève jusqu'au lundi suivant pour savoir si la grève "est ancrée", selon Mme Dabat.
La mémoire de ce mouvement, qui avait conduit Alain Juppé à retirer le volet retraites de son plan, reste vive: "On sait que c'est possible" de faire reculer le gouvernement, dit-elle.