"L'activité aéroportuaire, pourtant très récente, commence à avoir une (ampleur) qui permet la comparaison (...) avec nos activités autoroutières", a résumé mercredi Xavier Huillard, PDG de Vinci, lors de la présentation des résultats pour 2019.
Ces derniers sont solides et ont séduit la Bourse où le titre prenait un peu plus de 2%. L'an dernier, le groupe a vu progresser d'environ 10% ses revenus, à 48,05 milliards d'euros, comme son bénéfice net, à 3,26 milliards.
Pour la suite, le groupe, qui promet par ailleurs de réduire de 40% ses émissions de CO2 d'ici à 2030, garde un optimisme modéré, promettant de nouvelles hausses mais "plus limitées" en 2020.
Les revenus progressent partout, sur les chantiers comme les concessions, mais les bénéfices ont un moteur bien plus net: l'exploitation des autoroutes et des aéroports.
Dans le domaine autoroutier, le groupe garde une bonne dynamique. Un peu chahuté par le mouvement des "gilets jaunes" voici un an, il a néanmoins limité les dégâts et, depuis, a bénéficié d'un trafic élevé à la suite de la grève de la SNCF ces dernières semaines.
Mais ce sont dans les aéroports, où son développement est plus récent, que les chiffres sont les plus impressionnants. Leur bénéfice net bondit d'un quart, même s'il est encore loin de celui dégagé par les autoroutes.
C'est la conséquence d'un choix stratégique majeur ces dernières années, avec l'achat en série de multiples aéroports à travers le monde, dont le plus emblématique est celui l'an dernier pour quelque trois milliards d'euros du site de Gatwick à Londres.
Certes, cette opération, "principal fait marquant" de l'an dernier selon M. Huillard, a aussi ses revers. Le trafic y a pâti fin 2019 de la faillite du voyagiste Thomas Cook, mais Vinci assure avoir maintenant tourné la page.
Quant à l'impact du nouveau coronavirus venu de Chine, "il est absolument impossible à quantifier", a admis M. Huillard, relativisant néanmoins l'importance des trajets vers le pays au sein du portefeuille aéroportuaire du groupe.
Au total, Vinci revendique plus de 250 millions de passagers dans ses aéroports l'an dernier, pour une deuxième place mondiale derrière l'espagnol Aena.
Le sujet ADP éludé
Ces résultats florissants dans les concessions compensent un paysage plus mitigé sur les activités de chantiers. Les bénéfices y reculent à cause, notamment, de contretemps liés à des désaccords avec des commanditaires en France, même si l'activité reste solide comme en témoignent des commandes toujours en progression.
Mais la stratégie aéroportuaire a aussi un revers. Elle expose le groupe à plusieurs dossiers sensibles, qui ont été relancé depuis quelques semaines.
Alors que le groupe a témoigné d'un intérêt prudent pour Aéroports de Paris (ADP), l'exploitant d'Orly et Roissy, les opposants à sa privatisation ont franchi fin 2019 le cap du million de soutiens à l'organisation d'un référendum, certes loin des quelque quatre millions nécessaires pour le rendre obligatoire.
"Tant qu'on est dans cette situation de totale incertitude, nous ne perdons pas de temps à élaborer d'éventuels scénarios", a éludé M. Huillard, sans cacher son scepticisme sur le fait que la privatisation aille au bout.
Enfin, un autre dossier continue à exposer Vinci, celui de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes près de Nantes, dont il devait être le concessionnaire mais qui a été abandonné par l'État.
Le journal La Tribune a rapporté en janvier que le groupe demandait à l'État une indemnisation de l'ordre d'un milliard d'euros, ce que M. Huillard n'a ni confirmé, ni démenti.
"Ça dépend de beaucoup de paramètres, ce n'est pas possible de le commenter comme ça", a déclaré le PDG.
"Il n'y a pas de discussions réellement approfondies qui aient commencé pour le moment", a-t-il conclu, admettant que les représentants de Vinci pouvaient déjà "voir des gens".