Les deux dirigeants et 14 directeurs d'agence, animateurs et commerciaux de la société BDPA Rénovation sont jugés depuis une semaine par le tribunal correctionnel de Limoges, poursuivis pour escroquerie en bande organisée, abus de faiblesse et pratiques commerciales trompeuses et agressives.
Entre octobre 2018 et janvier 2023 en Haute-Vienne, en Dordogne, dans l'Allier, le Lot, la Gironde, le Loir-et-Cher et l'Eure-et-Loir, ils auraient forcé les victimes, âgées en moyenne de 80 ans, à signer des contrats pour des travaux d'isolation et de rénovation énergétique, les engageant parfois à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d'euros.
Le procureur a requis six ans de prison ferme, avec interdiction définitive de gérer une entreprise et 50.000 euros d'amende, à l'encontre du principal protagoniste, un homme de 43 ans officiellement directeur commercial mais considéré comme le gérant de fait de la société, déjà condamné pour escroquerie.
Lui et sa compagne, contre laquelle trois ans ferme ont été requis, avaient pris pour habitude, avec les autres prévenus, de se filmer aux côtés de leurs victimes, tout sourire et pouces en l'air en signe de réussite, puis de partager ces images sur un réseau social, une fois les contrats signés.
Des "clients tiroirs", selon leurs propres mots, chez lesquels ils revenaient plusieurs fois pour multiplier devis et factures. "C'était un jeu stupide", ont-ils regretté à la barre. "Un jeu de la pire des bassesses, qui tire profit de la détresse humaine", leur a lancé durant les débats la présidente du tribunal, Magali Gualde, prenant l'exemple d'une victime escroquée de 135.000 euros.
Les investigations ont permis d'identifier plus d'un millier de clients, dont 227 se sont constitués partie civile, mais la plupart des victimes étaient absentes à l'audience, trop vulnérables et trop âgées pour se déplacer.
Le procureur a requis contre les autres prévenus des peines allant de 18 mois de prison avec sursis à trois ans ferme, et jusqu'à 20.000 euros d'amende. La défense plaidera mercredi, le tribunal devant mettre sa décision en délibéré à l'issue.
Dans un communiqué, la Fédération de la Vente Directe (FVD) a "condamné fermement" des pratiques "inacceptables" en rappelant "qu'aucun moyen de paiement ne peut être exigé par le vendeur le jour de la commande, même signée, et que la loi prévoit, sans exception, un délai de rétractation de 14 jours".