Dans ses prévisions, l'Insee a dit s'attendre à une hausse de 0,1% du PIB de juillet à septembre, après +0,5% sur les trois mois précédents grâce à de bonnes exportations.
Ce solide résultat avait été "une surprise pour tout le monde", relève Charlotte de Montpellier, macroéconomiste chez ING, qui cette fois "s'attend comme tout le monde à une décélération".
Avec un contexte économique qui se dégrade, une dette publique de plus de 3.000 milliards d'euros et un déficit public hors des clous de Bruxelles, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire n'a d'autre choix à présent que d'afficher une grande fermeté sur les finances publiques, s'il veut éviter de nouvelles dégradations de la note de crédit de la France par les agences de notation, ou des sanctions financières de la Commission européenne.
Se disant "intraitable sur le désendettement", M. Le Maire a néanmoins admis qu'il faudrait "revoir toute la copie" des prévisions "si le conflit au Proche-Orient s'étend", alors que Bercy table sur un redémarrage de la croissance à 1,4% en 2024.
"Préoccupé"
La consommation des ménages - qui pèse pour plus de moitié de la croissance française - devrait connaître un frémissement au troisième trimestre et maintenir la croissance en territoire légèrement positif sur la période, selon l'Insee, à la faveur d'un ralentissement de l'inflation jusqu'ici très pénalisante pour le pouvoir d'achat.
La hausse des prix avait atteint 4,9% sur un an en septembre, le renchérissement de l'énergie sur fond de tensions géopolitiques étant contrebalancé par une décélération des prix alimentaires.
Côté industrie, certains secteurs devraient encore bénéficier d'effets de rattrapage, comme les transports et l'aéronautique qui avaient souffert antérieurement de problèmes d'approvisionnement.
Dans le même temps, les taux d'intérêt élevés décidés par la Banque centrale européenne (BCE) pour refroidir l'inflation commencent à peser sur l'activité, pénalisant les investissements des ménages (dans la construction notamment) et des entreprises, quoique l'institution ait décidé une pause ce mois-ci, après avoir porté son taux directeur à 4%.
Outre le PIB, l'Insee publie également mardi les données de la consommation des ménages en septembre et celles, provisoires, de l'inflation en octobre.
Philippe Waechter, directeur de la recherche économique d'Ostrum Asset Management, a dit rester "préoccupé" par cette consommation.
Il ne voit pas non plus d'embellie du côté des exportations, "avec des voisins qui ne vont pas bien", dans un contexte de ralentissement de la croissance du commerce mondial de marchandises. Le PIB allemand est attendu en recul de 0,4% cette année.
Pour l'ensemble de l'année 2023, l'Insee anticipe une croissance de 0,9%, identique à la prévision de la Banque de France et un peu en dessous de celle du gouvernement (+1%).