Les pluies torrentielles tombées ces deux dernières semaines dans l'Etat du Rio Grande do Sul, une importante région agricole, ont tué quelque 150 personnes, selon un bilan toujours provisoire, et causé des destructions considérables.
Agée de 66 ans, la ministre du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva est une figure emblématique, reconnue à l'étranger, de la lutte contre le changement climatique.
Question : Quelle a été votre réaction face à cette tragédie ?
Réponse : Du point de vue environnemental c'est triste et en même temps effrayant. Durant toutes ces années nous avons écouté ce que nous disait la science, et les gens de bon sens, sur ce qui allait arriver. Mais le moment est venu pour nous de voir cela arriver en trois dimensions: inondations effrayantes, vagues de chaleur, périodes de grandes sécheresses.
Du point de vue politique, cela devrait nous inciter à des changements structurants.
Si on ne prend pas la décision d'atténuer, d'adapter et de transformer le modèle de développement au Brésil et dans le monde (...), on ne pourra pas faire la transition vers la fin des combustibles fossiles, qui sont la principale cause de tout ce qui est en train d'arriver, à temps pour éviter toujours plus de dégâts, toujours plus dommageables pour la vie et l'équilibre de la planète".
Q : Le président Lula a reconnu que le Brésil n'était pas préparé.
R : "Il n'est pas préparé. Le Brésil appartient au monde qui n'est lui-même pas préparé parce que cela fait plus de 30 ans que l'on parle du problème du recours aux combustibles fossiles, de la déforestation. Mais malheureusement nous n'avons pas fait notre devoir en tant qu'humanité."
Q : Y a-t-il eu des failles dans la prévention ?
R : "Porto Alegre (la capitale du Rio Grande do Sul, nldr) avait un système de drainage, de pompage de l'eau, mais malheureusement il n'y a pas eu un entretien correct et quand il a fallu le déclencher il n'a pas fonctionné".
Q : Quelle leçon le Brésil doit-il tirer ?
R : Ce que nous faisons n'est pas suffisant (...). La leçon que je tire c'est que nous allons devoir, non seulement atténuer (les effets du réchauffement, ndlr) mais nous adapter, parce que le changement climatique est déjà là. Créer des villes résilientes, élaborer des plans pour gérer les risques et pas seulement les désastres.
Il faut une mobilisation de toute la société pour éviter aussi les risques du déni face au changement climatique. Le déni cause des dégâts énormes. Une vision alimentée par ce déni a paralysé les politiques (publiques) pendant quatre ans (sous la présidence du leader d'extrême droite Jair Bolsonaro, de 2019 à 2022, ndlr).
Q : A quel point le Brésil est-il vulnérable ?
R : Il existe 1.942 municipalités vulnérables, pas toutes au même degré. Les politiques publiques dans certains cas doivent aboutir à déplacer la population, créer une agriculture plus régénerative, récupérer la végétation sur les rives des fleuves.
Il faut revoir les assouplissements introduits dans la législation, comme une loi votée au Parlement qui donne le pouvoir aux maires de réduire les restrictions aux constructions sur les côtes et sur les rives des fleuves et des lacs.