Victor Aussal, 28 ans, et sa copine propriétaire d'un 40 m2 à la Goutte d'Or, quartier populaire du nord de Paris, voulaient profiter des JO pour louer leur deux pièces à 280 euros la nuit et voyager en Asie pendant un mois.
Mais depuis six mois "toujours aucun locataire, aucune demande. Je pense qu'on va redescendre au prix du marché voire en-dessous, comme ça s'est passé à Londres" en 2012, raconte-t-il à l'AFP.
Malgré de nombreux commentaires positifs, Adriana Herani, 39 ans, propriétaire d'un petit T2 à Barbès (nord de de la capitale), ne trouve pas non plus preneur. De 300 euros la nuit, elle est passée à 250 mais n'a "toujours personne".
De son côté, Nathaniel Bruneau, 40 ans, entendait louer son 35m2 donnant sur le plus chic canal Saint-Martin (centre-est) 800 euros la nuit pendant les JO, au lieu de 200. Ramené à 600 euros, "j'espère avoir des clients de dernière minute" mais "tu as le triple d'offres par rapport à l'année dernière, 130.000 au lieu de 50.000", constate cet habitué d'Airbnb.
"Il y a plus de demandes qu'une année normale mais il y aussi beaucoup plus d'offres : le nombre de logements en location a été quasiment multiplié par deux donc la demande additionnelle est très diluée", confirme Quentin Brackers de Hugo, cofondateur de la conciergerie HostnFly qui gère 2.500 logements à Paris et alentours sur des plateformes comme Airbnb, Booking ou Abritel.
Le prix moyen des logements réservés sur sa plateforme est d'environ 360 euros la nuit, soit 20% de moins qu'il y a un mois.
"Avec les prix qui deviennent de plus en plus abordables", le dirigeant espère "des réservations de dernière minute", d'autant que "les Français n'ont pas encore beaucoup réservé". Il vise un taux d'occupation "autour de 60/70%" contre 30% aujourd'hui.
Retour à la réalité
Quinze millions de visiteurs sont attendus en Ile-de-France pendant les Jeux, selon l'office de tourisme de Paris.
Chez Airbnb, "les nuitées réservées au premier trimestre pour des séjours pendant la période des Jeux ont été plus de cinq fois supérieures à ce qu'elles étaient en région parisienne à la même période l'année précédente".
La plateforme, pointée du doigt pour les prix astronomiques fixés par certains propriétaires pendant cette période, souligne que c'est l'augmentation de l'offre qui régule les prix.
Les JO sont "en passe de devenir le plus grand événement de l'histoire d'Airbnb, avec plus de voyageurs séjournant chez des hôtes locaux sur notre plateforme que lors de n'importe quel événement auparavant", se félicite le groupe auprès de l'AFP.
Et "près de la moitié des nouvelles annonces actives ont reçu une réservation dans les sept premiers jours suivant leur inscription", assure-t-il.
"Le public européen et le public français sont dans une position très attentiste", tablant sur un rééquilibrage "de l'offre et de la demande (…) pour avoir peut-être des meilleurs prix, si les biens ne partent pas", analyse pour l'AFP Pierre-Louis Monteiro, chargé de mission à l'Adil (Agence départementale d'information sur le logement) de Paris.
"Sans doute qu'il y a un retour vers la réalité. Les prix baissent, oui, mais restent toujours assez élevés et ça reste toujours beaucoup plus, entre guillemets, intéressant et lucratif que la mise en location classique", selon ce responsable sollicité actuellement par les bénévoles des JO qui ne peuvent pas se permettre de débourser plusieurs centaines d'euros pour se loger.
Selon le site d'analyse de données AirDNA, le prix des annonces encore disponibles pour les Jeux baisse graduellement mais reste élevé : 508 euros la nuit en moyenne à Paris, 297 en banlieue. Mais c'est moins pour les logements déjà réservés: 333 euros à Paris et 188 en banlieue.
Chez HostnFly, certains clients "préfèrent ne pas louer plutôt que plutôt que baisser les prix, mais c'est assez marginal".
Parallèlement, la conciergerie a enregistré un pic de réservations sur la Côte d'Azur et la côte normande, sans savoir encore si "c'est les Parisiens qui partent" ou "les étrangers qui en profitent pour prolonger un peu leur séjour ailleurs que Paris".
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