"Le site est déjà détruit", a déclaré mercredi 7 juin à l'AFP un archéologue amateur, Christian Obeltz, qui avait lancé l'alerte vendredi dernier dans un billet de blog révélé par Ouest-France. Il y déplorait la destruction de 39 petits menhirs dont la taille, pour la plupart, était comprise entre 50 cm et un mètre.
"Plusieurs aménagements brutaux ont été réalisés, cet hiver et au printemps, aux abords des alignements de menhirs de Carnac, dénaturant ce site mondialement connu", expliquait l'auteur du billet.
Le dernier en date de ces "aménagements" : "un permis de construire délivré par le maire de Carnac pour la construction d'un magasin Mr.Bricolage, détruisant trente-neuf menhirs figurant sur la liste indicative Unesco", précisait-il.
Les menhirs détruits n'avaient pas un caractère "majeur", assure la direction des affaires culturelles
La Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) de Bretagne a assuré que la quarantaine de petits menhirs détruits récemment pour permettre la création d'un magasin de bricolage près des célèbres alignements de Carnac (Morbihan) ne présentaient pas un caractère archéologique "majeur".
Dans un communiqué daté de mercredi réagissant à l'émoi suscité par cette destruction, révélée sur son blog par un archéologue amateur, la Drac de Bretagne met en avant le "caractère encore incertain et dans tous les cas non majeur des vestiges" qui avaient été trouvés en 2015 lors de fouilles préventives.
"L'atteinte à un site ayant une valeur archéologique n'est pas établie", se défend la Drac, soulignant que le terrain sur lequel les pierres se trouvaient est considéré comme une "zone d'activité" par le plan local d'urbanisme (PLU). Il "n'est par ailleurs pas répertorié parmi les zones de présomption archéologique, c'est-à-dire les zones qui justifient un avis du service régional d'archéologie", ajoute-t-elle.
Dans un billet de blog révélé par Ouest-France, Christian Obeltz, passionné d'archéologie, déplorait la destruction de 39 petits menhirs de 50 cm à un mètre de haut, pour la construction d'un magasin de bricolage sur le site.
Le permis de construire, délivré le 26 août 2022 par la mairie de Carnac, avait été refusé une première fois en 2015.
Le terrain avait alors fait l'objet de fouilles par l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui s'étaient achevées "sur un constat contradictoire".
"Seules des observations complémentaires sur les monolithes, voire une fouille, permettraient de certifier l'origine néolithique de cet ensemble", détaille l'organisme dans son rapport publié en avril 2015.
La Drac avait prescrit une telle fouille sur les deux files de blocs de pierres mises au jour à l'époque mais celle-ci n'avait jamais eu lieu, le premier permis de construire ayant été refusé pour des raisons non liées à l'archéologie, rappelle-t-elle dans son communiqué.
Pour M. Obeltz, "le site est répertorié au projet d'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco, ce qui oblige normalement à prévenir l'Architecte des bâtiments de France et la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) avant de lancer le projet".
De son côté, le maire de Carnac, Olivier Lepick, a assuré avoir "parfaitement respecté la législation".
Après cette destruction, une association de défense du patrimoine, Koun Breizh ("Mémoire bretonne", en breton), a annoncé avoir déposé une plainte contre X pour destructions volontaires aggravées car portant sur le patrimoine archéologique.