Ce dispositif d'activité partielle, qui vise à maintenir l'emploi en cas de baisse d'activité, représente à ce stade un coût de 180 millions d'euros pour l'État, a ajouté la ministre sur la plateau de LCI, assurant "ne pas avoir de limite budgétaire" pour "sauver l'emploi".
Lorsque les salariés sont placés en position d'activité partielle, le contrat de travail est suspendu mais non rompu.
"On évite des dizaines de milliers de licenciements. C'est un outil qui permet de préserver l'emploi et le revenu du salarié", a souligné Mme Pénicaud, assurant que les directions régionales du travail s'efforcent de répondre en 48 heures aux demandes des entreprises.
Les salariés perçoivent une indemnité horaire de leur employeur qui doit correspondre au minimum à 70% de la rémunération antérieure brute (84% du salaire net).
De son côté l'État a porté au niveau du Smic l'indemnité horaire compensatrice versée aux employeurs ayant recours à ce dispositif.
"On est en train de regarder si on peut aller au-delà du Smic", a dit Mme Pénicaud.
"Je pense qu'il faudrait déplafonner" le dispositif, a également estimé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, en déplacement chez un traiteur des Hauts-de-Seine jeudi matin.
"Le coût pour les finances publiques sera très élevé. (...) Ça va se chiffrer en centaines de millions d'euros, mais je pense que c'est de l'argent bien dépensé", a-t-il ajouté.
"Le tourisme, la restauration, l'événementiel et les transports sont les quatre secteurs qui nous préoccupent le plus", a indiqué Mme Pénicaud.
Elle a rappelé que "toute entreprise peut demander par un simple mail le report de ses paiements de charges sociales et fiscales" et la nomination d'un médiateur sur le crédit entre les banques et les petites entreprises.
Après les mesures d'urgence, "il faudra qu'il y ait un plan de relance" de l'économie pour "rebâtir des capacités", a-t-elle aussi estimé.
Face à "l'arrêt" de l'économie, la CPME veut plus d'aides aux entreprises
Face à la pandémie de coronavirus, le président de Confédération des petites et moyennes entreprises François Asselin a estimé jeudi que l'économie allait connaître un "arrêt" entre six et huit semaines, et demandé plus d'aides pour maintenir l'emploi.
"Si on regarde ce qui s'est passé en Chine dans les provinces éloignées de l'épicentre de l'épidémie, c'est entre six et huit semaines que l'économie a été à l'arrêt", a déclaré M. Asselin sur Radio Classique.
En France et en Europe, "il faut s'attendre effectivement à la même durée", a-t-il ajouté.
Face à cette situation, il a salué des mesures "bien calibrées" du gouvernement tout en disant craindre "que ça ne soit pas suffisant".
"Il faudra certainement des annulations de charges", a-t-il notamment demandé, soutenant une revendication déjà formulée par le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.
Le gouvernement a pour l'instant prévu des reports de charges sociales et fiscales, ainsi que des dégrèvements d'impôts pour les entreprises menacées de mettre la clé sous la porte.
Concernant le recours au chômage partiel, "il faudrait que le reste à charge soit complètement pris en charge par la solidarité. Si vous n'avez plus de travail et que vous devez payer vos salariés, ça va très vite mal se passer", a-t-il averti.
"Il faut préserver l'emploi" parce qu'on "sait qu'on va en sortir", donc "il faut surtout garder intact l'outil de travail pour que quand ça redémarre, tout le monde puisse retrouver le chemin du travail", a encore expliqué M. Asselin.
Interrogé par l'AFP sur les conséquences d'une prise en charge intégrale des salaires par la collectivité, M. Asselin la souhaite et précise que "concernant les finances publiques, le risque est que lorsqu'on en sortira on ne puisse pas redémarrer".
"Les grandes entreprises s'en sortiront avec des bleus. Les PME et les TPE seront K.O. C'est l'emploi des territoires", souligne le président de la CPME.
M. Asselin a décrit une situation alarmante pour beaucoup de PME, et pris l'exemple des taxis.
"Vous prenez un taxi dans Paris, vous allez voir ce qu'il va vous dire: c'est 50% de baisse d'activité. Les avions n'arrivent plus, ou à vide, les trains idem, les clients ne sont pas au rendez-vous", a-t-il déclaré sur Radio Classique.