Pour faire face à l'envolée du déficit public (5,5% du PIB en 2023 contre 4,9% attendus), l'exécutif a acté par décret 10 milliards d'euros d'économies dans les dépenses de l'Etat en 2024, et promis 20 milliards de coupes supplémentaires en 2025, élargies cette fois aux collectivités et aux dépenses sociales.
"Sur les 10 milliards annoncés, à peu près 7 milliards ont des effets réels sur le PIB français", a détaillé mercredi l'économiste de l'OFCE Mathieu Plane lors d'une conférence de presse de présentation des "Perspectives 2024-2025" de l'organisme de conjoncture.
"A partir du moment où vous faites des économies, vous réduisez un certain nombre de transferts" aux ménages et aux entreprises, ce qui a un impact négatif sur les "comportements" de ces acteurs économiques, comme la consommation ou l'investissement, a expliqué M. Plane.
Le détail des économies prévues en 2025 n'étant pas connu, c'est en revanche "plus compliqué" d'évaluer avec certitude leur impact sur la croissance, a-t-il averti. "Notre prévision va évoluer en fonction des annonces précises qui seront faites", a anticipé l'économiste.
Les dix milliards d'économies déjà actées contribuent en tout cas à l'abaissement de la prévision de croissance de l'OFCE pour 2024, à 0,5% contre 0,8% anticipé jusqu'alors, le gouvernement tablant pour sa part sur 1%.
"En 2025, la croissance française est attendue à 1,2%", soit un demi-point de moins que la prévision du gouvernement (1,7%), ajoute l'OFCE.
Si la baisse des taux d'intérêt, relevés en urgence par les banques centrales pour tenter de juguler l'inflation, aura un effet positif sur l'activité, celle-ci restera "contrainte par les nouveaux ajustements budgétaires prévus par le gouvernement (...) en plus de la suppression totale des boucliers tarifaires" sur les prix de l'électricité.
Les mesures d'économies auraient au moins le mérite de faire baisser le déficit à 5% du PIB en 2024 et à 4,4% l'année d'après, toujours bien au-dessus de l'objectif européen de 3%.
Le gouvernement, qui tablait jusqu'ici sur un recul du déficit à 4,4% dès 2024, doit justement actualiser ses prévisions mercredi.
Enfin, "après trois ans de baisse, la dette publique (...) repartirait à la hausse en 2024 et 2025. Elle atteindrait 112,8% du PIB en 2025, après 111,9% en 2024 et 110,6% en 2023", anticipe l'OFCE.
Dans l'immédiat, l’observatoire table sur une croissance de 0,1% au premier trimestre 2024 puis de 0,2% au deuxième.
"Au troisième trimestre 2024, un léger pic de croissance (0,3%) est attendu en raison de l'effet tourisme lié aux Jeux olympiques à l'été 2024, suivi d'un reflux au quatrième trimestre (0,1%)", détaille l'OFCE.
La croissance redémarrerait plus franchement en 2025, avec une progression du PIB de 0,4% à chaque trimestre.
Elle serait notamment soutenue par un rebond de la consommation, encouragée par l'assagissement de l'inflation à 2,4% en 2024 puis 2,2% en 2025, non loin de l'objectif de 2% de hausse des prix poursuivi par la Banque centrale européenne.