Les prix négatifs, c'est quoi ?
Le prix de l'électricité varie en fonction de l'offre et de la demande. Lorsque la production dépasse la consommation, le prix du mégawatheure (Mwh) peut devenir négatif sur le marché de gros.
"L'électricité étant difficile à stocker à grande échelle, le système électrique doit constamment équilibrer l'offre et la demande en temps réel", explique Eurelectric, qui représente l'industrie de l'électricité de 30 pays européens.
"En période de faible demande et d'offre élevée, des prix de l'électricité extrêmement bas, voire négatifs, peuvent survenir. Cela signifie que les producteurs (...) doivent payer pour injecter leur électricité dans le réseau."
Pourquoi ce phénomène augmente ?
Les prix négatifs surviennent au plus fort de la production des énergies renouvelables (ENR), intermittentes par nature et parce que leur cycle de production ne correspond pas toujours à celui de la demande.
Ainsi, le pic du photovoltaïque se situe entre 12H00 et 16H00 tandis que la consommation est plus forte le matin et en soirée.
Lors de ces épisodes, il est parfois plus coûteux pour une centrale à gaz par exemple d'interrompre quelques heures sa production que de payer pour écouler son surplus d'électricité. Plus flexibles, les ENR peuvent s'arrêter rapidement.
Quelle est la part des prix négatifs selon les pays ?
Les prix négatifs varient selon le mix électrique, c'est-à-dire les sources d'énergie pour produire l'électricité. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ils ont représenté 25% des heures de production en 2024 dans le sud de l'Australie et 15% en Californie du Sud.
En Europe, où ils progressent depuis 2022, on les trouve principalement en Finlande (8% en 2024), en Suède (7%), aux Pays-Bas et en Allemagne (5%).
La France a enregistré l'an dernier deux fois plus de prix négatifs qu'en 2023, soit 359 heures (4%), selon RTE, le gestionnaire français du réseau à haute tension.
Quel est le coût pour le système électrique ?
Selon l'AIE, les prix négatifs sont "généralement restés dans une fourchette modérée", entre -1 et -30 dollars du MWh. En 2024, ils étaient de -2 dollars du MWh en moyenne en Finlande, -7 à Houston (Texas), -12 en Allemagne et -25 à Victoria (Australie).
A titre de comparaison, le prix de gros moyen de l'électricité en 2024 était de 80 dollars du MWh à Victoria et 85 dollars en Allemagne, selon l'AIE.
En France, "ces prix sont la plupart du temps demeurés proches de zéro, sans s'établir à des valeurs très basses", selon RTE. La Commission française de régulation de l'énergie (CRE) a estimé "à titre d'illustration" leur coût pour la collectivité à environ 80 millions d'euros entre janvier et juin 2024.
Comment réduire la facture ?
Pour réussir la transition énergétique, il faut augmenter la part de l'électricité dans la consommation d'énergie afin de réduire celle des fossiles, ce qui nécessite d'investir.
La première solution passe par l'électrification des usages (véhicule électrique, chauffage, industrie...) pour mieux absorber le surplus, explique Eurelectric.
Il est aussi nécessaire d'accroître les capacités de stockage à l'aide de batteries pour conserver l'énergie non utilisée lors des pics et la réinjecter dans le réseau lorsque la consommation augmente.
On peut aussi améliorer la flexibilité du système en modulant notamment la production d'électricité renouvelable durant ces périodes.
Enfin, on peut adapter la demande à l'offre.
Ainsi en France, la facturation en heures creuses/pleines va évoluer vers des créneaux où l'électricité est abondante et peu chère, principalement l'après-midi. Cela permettra un "meilleur lissage" des consommations et "une facture maîtrisée" pour les clients, selon la CRE.
Exporter les surplus
En 2024, la France a exporté pour 5 milliards d'euros d'électricité – un record - vers l'Italie, l'Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni grâce à sa production nucléaire, hydraulique et renouvelable.
Elle "n'a pas +bradé+ son électricité, souligne RTE, elle a exporté presque en permanence sa production compétitive et excédentaire qui n'aurait autrement pas eu de débouchés".