En ouvrant le bal des rencontres qui se tiennent jusqu'au 17 octobre, le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, a redit à la Première ministre souhaiter une réforme, mais que "ce n'était pas une question comptable" et qu'il fallait "garantir le pouvoir d'achat de nos aînés".
"On n'a pas de problème majeur sur le critère de l'âge", mais il faut aussi regarder la pénibilité, les fins de carrière ou les régimes spéciaux, a abondé son homologue à l'Assemblée, Olivier Marleix, en soulignant qu'"une réforme des retraites, ce n'est pas une guerre contre les Français".
LR est favorable à un allongement de l'âge de départ "progressivement jusqu'à 64 ans", quand le gouvernement veut un report de l'âge de départ de quatre mois par an, pour aboutir à 65 ans en 2031.
Côté majorité, Aurore Bergé (Renaissance) a redit que porter cet âge "à 66 ou 67 ans", comme suggéré par le président d'Horizons Édouard Philippe, n'était "pas le projet que nous portons" et promis "une contribution forte" de la majorité notamment sur l'emploi des seniors.
"Il n'y a pas eu de dissonance", a assuré Laurent Marcangeli au nom d'Horizons mais "la volonté de travailler ensemble pour avoir un plan de vol".
"Prendre le temps"
A l'inverse, le chef de file des députés communistes André Chassaigne a dit être "vent debout" contre cette réforme qui aura, selon lui, des conséquences "pour les plus modestes, les plus pauvres, pour ceux qui arrivent déjà cassés à l'âge de la retraite".
Comme le PCF, la cheffe de file des députés EELV Cyrielle Chatelain a "acté (ses) désaccords" avec la Première ministre, jugeant "inacceptable" un recul de l'âge de départ à la retraite.
Son homologue au Sénat, Guillaume Gontard, a salué ces concertations, qui sont "un gain" par rapport aux velléités initiales de l'exécutif de faire passer sa réforme dans un amendement au Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), qui déplaisait y compris au MoDem.
Le député Bertrand Pancher pour le groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) a demandé qu'on "prenne le temps" et que les petites pensions et l'emploi des seniors soient "traités complètement" pour rendre la réforme "acceptable".
Le sénateur Horizons Claude Malhuret, pour le groupe Les Indépendants, a dit "partager le constat" et les "solutions" du gouvernement sur la réforme.
Mme Borne les a reçus accompagnée du ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui mène parallèlement des discussions avec les organisations syndicales et patronales, et du ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester.
Votes serrés
Les mouvements sociaux dans les dépôts de carburants se sont également invités dans les discussions, à quelques jours d'une "marche contre la vie chère", organisée notamment par les partis de gauche. Et avant une semaine d'action de la CGT.
Mais pour Mme Bergé, "l'idée n'est pas que (les mouvements sociaux) nous empêche de réformer, d'avancer". Le retour à la normale, "c'est souhaitable, mais le gouvernement ne pourra pas décréter l'accalmie", a ajouté M. Marcangeli.
L'exécutif "a laissé s'enkyster dans le pays un mouvement qui, désormais, lui échappe", a estimé M. Retailleau, qui a trouvé Emmanuel Macron "très optimiste" quand il a dit que la situation sur les carburants allait revenir à la normale "dans le courant" de la semaine prochaine.
Pour M. Chassaigne, TotalEnergies met de "l'huile sur le feu" en "conditionnant" l'ouverture de négociations à la levée du blocus.
"Les réformes d'aujourd'hui, les refus d'augmentation de salaires" ou "de poser la question sur cette taxe sur les superprofits, bien sûr qu'elles imprègnent sur le climat social", a estimé Mme Chatelain, en dénonçant "une brutalité sociale" du gouvernement.
"Envoyer les CRS, c'est une chose, pouvoir continuer à discuter avec tous les syndicats" sur les retraites en est une autre, a souligné le sénateur Hervé Marseille (Union centriste), tandis que M. Malhuret jugeait la grève dans les raffineries "parfaitement scandaleuse".