Un nombre record d'expulsions
Risques pour la santé, fins de mois difficiles, confort insuffisant ou environnement quotidien et vie de famille impactés, au total près de 15 millions de personnes sont concernées par la crise du logement.
Parmi elles, plus d'1,2 million de locataires sont en situation d'impayés de loyers ou de charges et risquent l'expulsion, selon la FAP.
En 2018, le nombre d'expulsions locatives a atteint un nouveau record, avec plus de 36.000 personnes expulsées avec concours de la force publique, une hausse de 2,9% sur un an.
Selon la FAP, entre deux et trois fois plus de ménages ont été en réalité expulsés, car beaucoup partent avant l'arrivée des forces de l'ordre.
Manque d'espace
Un des premiers indicateurs du mal-logement est le manque d'espace. Près de
4,3 millions de personnes modestes vivent en situation de surpeuplement dit "modéré", c'est-à-dire qu'il leur manque une pièce par rapport à la norme d'occupation.
Cette norme prévoit un minimum de 9 m2 pour une personne seule, 16 m2 pour un couple et 9 m2 par personne supplémentaire.
Le surpeuplement est dit "accentué", lorsqu'il manque deux pièces par rapport à la norme de peuplement: 934.000 personnes sont dans cette situation.
Sur les 4 millions de mal-logés, on estime à plus de 2,8 millions le nombre de personnes vivant dans des conditions de logement très difficiles du point de vue du confort.
Froid
La précarité est aussi énergétique pour les foyers modestes: près de 3,6 millions de personnes ont froid dans leur logement, pour des raisons liées à la précarité.
Les Français sont 44% de plus qu'en 2006 à se priver de chauffage à cause de son coût.
Plus généralement, l'effort financier excessif pour payer des loyers trop élevés touche plus de 5,7 millions de personnes qui consacrent plus de 35% de leurs revenus au logement. Ce qui ne leur laisse qu'un revenu inférieur à 65% du seuil de pauvreté pour vivre, soit 650 euros par mois et par unité de consommation.
Seul indicateur encourageant, le confort sanitaire qui continue à s'améliorer, selon la FAP : 99% des logements disposent désormais de l'eau courante, toilettes intérieurs et de chauffage.
150.000 personnes relogées en deux ans, selon le gouvernement
Plus de 150.000 sans-abri ou mal-logés ont retrouvé un logement grâce au plan gouvernemental "Logement d'abord", lancé en 2017 pour répondre à la saturation des dispositifs d'hébergement d'urgence, selon un communiqué jeudi du ministère du Logement.
Le plan "logement d'abord", prévu jusqu'en 2022, vise à trouver durablement un logement aux sans-abri au-delà des solutions d'urgence, par le biais notamment de la construction de HLM aux loyers très bas et l'intermédiation locative, qui permet à des propriétaires privés de louer aux personnes en difficulté avec le soutien d'une association.
En 2018, 70.000 personnes sont ainsi sorties de la rue ou des centres d'hébergement vers un logement, et 81.000 en 2019, détaille le communiqué du ministère.
En 2019, plus de 51.000 personnes ont obtenu un logement social, 25.000 ont été logées dans le parc privé par le biais de l'intermédiation locative et près de 5.000 personnes se sont installées en pensions de famille, qui allient logement privé et parties communes.
"S'agissant plus spécifiquement des réfugiés, 20.800 ont pu accéder à un logement en 2019 grâce à l'action de l’État en lien avec les associations et les collectivité", souligne le ministère.
Dans ce communiqué, le ministère précise également les moyens qui seront alloués à la création d'un service public "de la rue au logement" annoncée en septembre, qui vise à accélérer l'accès au logement des personnes hébergées dans les dispositifs d'urgence.
Une action pilote sera lancée en février en Ile-de-France, avec un budget de 3 millions d'euros et le recrutement de "plusieurs dizaines d'agents", qui travailleront spécifiquement sur l'accès au logement dans les centres d'hébergement. L'expérimentation pourrait être généralisée en 2021.
Par ailleurs, le Fonds national d'accompagnement vers et dans le logement (FNAVDL) recevra 15 millions d'euros supplémentaires en 2020, pour permettre aux bailleurs sociaux de faciliter l'accès au logement et favoriser le maintien des personnes dans le logement.
Au 27 janvier, l’État avait ouvert plus de 13.000 places d'hébergement pour les sans-abri au titre du plan hiver, dont près de 4.500 en Ile-de-France.