Le projet de Bruno (le prénom a été modifié) est clair. Avec son colocataire, ils sous-loueront leur appartement de 40m³ dans le 10e arrondissement pendant les JO (26 juillet-11 août), sans en avertir leur propriétaire.
La promesse de rembourser leur loyer de 1.360 euros "en moins d'une semaine" a emporté tous les arguments.
Et comme eux, de nombreux jeunes franciliens se sont laissés convaincre par la perspective d'empocher des sommes rondelettes.
Mais en matière de sous-location, prévient Alexis Alban, président de Lodgis, un groupe d'agences immobilières spécialisées dans la location meublée, "on ne peut pas faire tout et n'importe quoi".
Elle peut être légale en cas d'accord du propriétaire et si le bail ainsi que le règlement de copropriété le permettent, mais "le locataire ne peut théoriquement pas faire de bénéfice", détaille-t-il.
Si le locataire "se met d'accord avec son propriétaire pour louer à la nuitée, qu'en trois jours il a rentabilisé son loyer et qu'il veut louer une nuit de plus, il peut en informer son propriétaire" et partager les gains, poursuit-il.
Pourcentage
Une option, légale, qu'a choisie Antoine. Pour "un loft avec mezzanine de 50 m³ dans le 2e arrondissement", il espère empocher 2.000 euros par semaine pendant un mois et demi. Une somme qu'il compte partager ensuite avec sa colocataire et sa propriétaire.
La somme cumulée représente "plus que nos deux salaires réunis", souligne le jeune homme. "Je me suis dit que si c'était vrai, ça ne servirait peut-être même à rien que je travaille cet été".
Il a assuré à sa propriétaire, d'abord réticente, "qu'(on) s'occuperait de tout et qu'on lui donnerait un pourcentage. Elle a commencé à m'écouter", raconte le jeune homme, pour qui la sous-location n'est pas une nécessité mais "du beurre truffé dans les épinards".
Le site Airbnb recense actuellement, selon l'Observatoire des meublés de tourisme de la ville, près de 60.000 annonces actives dans la capitale, soit un tiers de plus qu'il y a un an, avec une hausse moyenne de 85% des prix en Ile-de-France.
Mais pour Alexis Alban, le marché pendant les Jeux repose sur "une logique de bulle et de surenchère des loyers".
"Sur la location à la nuitée, on peut louer un peu plus cher que d'habitude", concède-t-il, sans toutefois dépasser des loyers multipliés par deux.
Son entreprise tente de dissuader les sous-loueurs en les informant des risques encourus - remboursement des sommes perçues, voire expulsion et paiement de dommages et intérêts au propriétaire.
Argent facile
Pour justifier les éventuelles allées et venues de ses locataires, Charlotte, dont la gardienne surveille les sous-locations illégales dans l'immeuble, a trouvé la parade.
"Mon appartement est sur HomeExchange (un site d'échange d'appartements, NDLR), donc j'ai dit à ma gardienne que je ferai ça cet été, puisque c'est légal", détaille la jeune femme de 25 ans, promettant de ne pas gonfler les prix.
"Un mois de loyer, c'est déjà ça d'économisé", soutient-elle, estimant déjà payer un loyer très élevé tous les mois: 1.100 euros pour 27 m³ dans le Marais. "Je n'ai pas envie de faire la même chose à des gens qui viennent en tant que touristes pour les JO, et qui ont déjà payé leurs places très chères".
Hervé, lui, louera une des deux chambres de son appartement dans le 12e arrondissement "pour 150 ou 200 euros par nuit".
"On va proposer la chambre 3 ou 4 jours à la location. Si on voit que ça marche, on la mettra plus cher pour le reste de la période", explique le jeune homme de 26 ans. "Ca va être trop facile de se faire de l'argent".
Si l'appât du gain a été le principal argument, Hervé y voit aussi la possibilité de partager plus qu'un logement: "comme tout va être hors de prix, ça sera intéressant d'emmener les visiteurs ailleurs que dans des attrapes-touristes".
Près de 15,3 millions de visiteurs sont attendus en Ile-de-France pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques, selon l'Office de tourisme de Paris.