Dans sa dernière note de conjoncture, publiée début octobre, l'Insee a estimé à +16% l'ampleur du rebond du produit intérieur brut (PIB) entre juillet et septembre, après la chute historique de 13,8% du deuxième trimestre, marqué par le confinement.
"Nous avons eu une surprise positive à la sortie du confinement. La consommation a rebondi plus vite que dans d'autres pays européens. C'est ça qui nous avait donné de l'espoir" sur la reprise, avance auprès de l'AFP Selin Ozyurt, économiste chez Euler Hermes.
Dopée par les vacances, les mesures de préservation du pouvoir d'achat, ou encore la prime à l'achat de véhicules, la consommation des ménages a en effet tiré la croissance au troisième trimestre.
"A côté de cela, le secteur manufacturier a repris de manière plus dynamique", ajoute Charlotte de Montpellier, économiste pour la banque ING.
La reprise de l'activité a ainsi concerné tous les secteurs, même si le niveau d'activité "reste quand même bien inférieur à celui qui prévalait avant la crise", ajoute-t-elle, d'environ 5% à fin septembre.
Cette prévision de l'Insee pour le troisième trimestre est la même que celle effectuée par la Banque de France mi-septembre. Mais elle est inférieure au rebond de 19% qu'anticipait auparavant l'Institut.
Car depuis la rentrée, le climat s'est assombri sur le front sanitaire, avec une augmentation des contaminations, et le mois de septembre n'a pas été aussi bon qu'espéré.
Durant l'été, "on parlait d'une reprise en forme de V, de U, et il y avait cette confiance qui revenait", un optimisme totalement abandonné désormais, avance Selin Ozyurt.
Si le climat des affaires compilé par l'Insee qui témoigne du moral des entreprises a continué de progresser en septembre, cette amélioration s'est en effet tassée devant les incertitudes sur l'évolution de la situation sanitaire et ses répercussions sur l'économie.
L'indicateur d'évaluation de l'activité dans le secteur privé publié par le cabinet IHS Markit avait lui rechuté en septembre, une première depuis le déconfinement, en particulier dans les services.
Et il a de nouveau reculé en octobre, tout comme le moral des ménages selon des données publiées mercredi par l'Insee.
"retour à la réalité"
"Après un été qui a apporté un peu d'optimisme, le mois de septembre a sonné le retour à la réalité, et la dégradation des perspectives a remis en question les plans futurs, que ce soit des entreprises pour leurs investissements et des ménages en terme de comportements de consommation", détaille Charlotte de Montpellier.
Et alors que le gouvernement comptait sur ce rebond au troisième trimestre et sur l'annonce du plan de relance de 100 milliards d'euros sur deux ans pour redonner des perspectives aux entreprises et aux ménages, l'arrivée de la deuxième vague épidémique a ruiné ses espoirs.
Couvre-feu, restrictions d'activité et menace de reconfinement, même partiel: la fin de l'année s'annonce difficile pour l'économie.
"La croissance sera négative au quatrième trimestre", a prévenu mardi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, tout en maintenant sa prévision d'une contraction du PIB de 10% sur l'année.
L'Insee table elle pour l'instant sur une chute de 9%, avec une stabilité de l'activité au dernier trimestre. Mais "c'était avant les nouvelles annonces de restrictions", a rappelé la semaine dernière son directeur général, Jean-Luc Tavernier, laissant entendre qu'une révision à la baisse était possible.
"On le sait maintenant, les contraintes sanitaires continueront à contrarier le cours des affaires encore plusieurs trimestres", souligne Olivier Passet, directeur des synthèses économiques du cabinet Xerfi, dans une note publiée lundi.
Le gouvernement, qui a déjà prolongé et renforcé certaines aides, s'attend ainsi à devoir en faire encore plus. Mais sans renoncer en même temps au plan de relance, a assuré Bruno Le Maire.