L'Institut national de la statistique (Insee) a relevé jeudi à 0,9% sa prévision de croissance pour 2023, contre 0,6% auparavant, se rapprochant de la hausse de 1% attendue par le gouvernement.
Cette révision fait suite à un deuxième trimestre qui s'est distingué par un rebond inespéré de 0,5% du produit intérieur brut (PIB) grâce au commerce extérieur.
Cette embellie serait toutefois suivie d'un net ralentissement, avec une hausse du PIB de 0,1% au troisième trimestre et de 0,2% au quatrième, dans un environnement international "peu porteur" selon l'Insee.
C'est "une croissance positive mais modeste", a commenté devant la presse Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l'Insee.
Si bien que la croissance annuelle resterait bien en deçà de celle de 2,5% enregistrée en 2022, qui se situait encore dans le sillage de la reprise post-Covid.
Sur le front des prix, l'Insee prévoit que l'inflation reflue à 4,2% sur un an en décembre, après avoir dépassé 6% en début d'année. Elle s'établirait à 5% en moyenne annuelle (contre 5,2% en 2022).
La tendance vaut également pour les produits alimentaires, dont la hausse atteindrait 7,2% sur un an en décembre. Dans ce secteur, les prix avaient enregistré des envolées à deux chiffres, avoisinant les 16% sur un an en mars et incitant les ménages à consommer moins.
"Un peu d'air"
"Le ralentissement des prix apporte un peu d'air aux consommateurs (...) et aux entreprises", lesquelles profitent notamment du repli des cours des matières premières, a développé Julien Pouget.
"Mais (il n'y a) pas beaucoup de ressort parce que l'inflation reste élevée pour les ménages et (...) les taux d'intérêt restent également élevés", a-t-il ajouté.
Au second semestre, le ralentissement de l'inflation donnerait ainsi une légère impulsion à la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance française.
Mais les prix ne baissant pas pour autant, les consommateurs continuent à faire montre de prudence.
Interrogés en juin par l'Insee, 47% des ménages ont déclaré avoir changé leurs habitudes de consommation alimentaire en raison de l'inflation, soit 10 points de plus en six mois: moindres quantités, changement de gammes de produits, diversification des magasins pour les courses.
"Ils restent plutôt enclins à épargner quand ils le peuvent", selon Julien Pouget.
Cette situation a poussé le gouvernement à prévoir un texte de loi en octobre pour avancer les négociations commerciales entre industriels et distributeurs de l'agroalimentaire avec l'objectif de faire baisser les étiquettes en rayons.
Fin août, il avait annoncé avoir déjà obtenu une baisse ou un blocage de prix sur 5.000 produits.
Outre le léger rebond de la consommation, d'autres facteurs soutiendraient un peu la croissance sur la deuxième moitié de l'année, côté production cette fois, notamment dans le secteur automobile et la production d'électricité.
Dans le même temps, les exportations ralentiraient au second semestre tandis que la forte remontée des taux d'intérêt visant à refroidir les prix pénaliserait les investissements des entreprises comme des ménages, notamment dans la construction.
La Banque centrale européenne (BCE) doit se réunir le 14 septembre pour décider de poursuivre ou non la hausse des taux opérée à marche forcée depuis l'été 2022 pour juguler l'inflation et la ramener vers 2% à horizon 2025, un niveau perçu comme optimal.
Premier contributeur de l'inflation après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, avant d'être supplanté par l'alimentation, les prix de l'énergie repartiraient à la hausse d'ici la fin de l'année (7,3%), selon l'Insee.
Les automobilistes ne bénéficieront notamment plus cet automne d'une ristourne à la pompe en vigueur un an plus tôt.
A l'instar de l'Insee, la Banque de France prévoit également de relever sa prévision de croissance annuelle, actuellement de 0,7%.
Malgré l'essoufflement en cours de l'économie, son gouverneur François Villeroy de Galhau a dit mercredi ne pas voir "de signe de retournement généralisé de l'activité" ni de "risque de récession".