Des voix s'élèvent d'ailleurs pour dénoncer certaines pratiques illégales, qui vont aussi à l'encontre de la déontologie du métier d'agent immobilier : le blacklistage et la discrimination.
Le blacklistage des investisseurs : un sujet tabou aux lourdes conséquences
Alors que la chute des prix de l'immobilier est appelée à se poursuivre (source), certains investisseurs tentent de sortir du lot en multipliant les offres agressives.
Le concept est simple : pour trouver le bien idéal, surtout lorsqu'ils ont du cash, ils enchaînent les visites et font des offres nettement inférieures au prix demandé. L'investisseur Renaud Liris reconnaît par exemple avoir commis cette "erreur de débutant", il y a plusieurs années, en se positionnant avec des offres à -30 voire -40% (source).
Mais les agents immobiliers n'apprécient pas du tout cette méthode !
Comme ils sont tenus de transmettre toutes les offres aux vendeurs, ils se retrouvent placés dans une délicate posture. Certains propriétaires se mettent en effet à douter de leurs compétences et ils ne leur font plus confiance. D'ailleurs, il faut rappeler que près de la moitié des vendeurs refusent de baisser leurs prix ! (source)
« Résultat : quand un investisseur trop agressif est connu sur un secteur, les agents immobiliers le blacklistent par crainte de perdre leur mandat. Ils vont jusqu'à refuser de lui faire visiter les biens et les pépites du marché vont alors lui échapper. »
La bonne pratique à adopter consiste alors à trouver un juste milieu, en adoptant une approche plus réfléchie de la négociation. Les investisseurs ont notamment intérêt à justifier leurs propositions et à être très vigilants aux différents paramètres qui concernent le bien à vendre (ex. : type d'agent, formulation de l'offre ...).
Le blacklistage des locataires : un phénomène qui prend de l'ampleur
Depuis 2007, la CNIL alerte sur l'existence de listes de données personnelles ciblant les locataires mauvais payeurs. Totalement illégales, puisqu'elles sont contraires à la Loi Informatique & Libertés, ces "listes noires" sont établies sans recueillir le consentement des locataires et ne sont pas régulièrement mises à jour.
Sur Facebook, plusieurs groupes privés rassemblent ainsi des bailleurs et des propriétaires qui divulguent des informations confidentielles : noms, dates de naissance, photos... (source).
Cette situation qui peut vite devenir problématique : il suffit parfois d'avoir omis de régler un loyer dans les temps pour se retrouver fiché à vie ! Les locataires ciblés ont alors de réelles difficultés à accéder à un logement.
Pourtant, depuis un décret de 2007 concernant le "droit au logement opposable", ils doivent être informés de l'existence de ces fichiers et de leurs destinataires, tout en ayant de droit de s'opposer à leur utilisation à des fins commerciales.
Le cas particulier de la discrimination
Saviez-vous que près de la moitié des agences (48,5 %) acceptent d'avoir des pratiques discriminantes ? (source : SOS-Racisme, mars 2022).
Un chiffre qui interpelle... Au vu des enjeux, SOS-Racisme a d'ailleurs signé un partenariat avec la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) pour surveiller l'évolution de la situation en mettant en place un suivi régulier.
Cette association n'est d'ailleurs pas la seule à tirer la sonnette d'alarme : en mars 2023, la Fondation Abbé Pierre a dénoncé certains offices HLM, en particulier "dans les communes les plus favorisées par leur composition sociale et par leur situation économique", pour des discriminations ethno-raciales (source).
Tribune de Nicolas Augé, fondateur d'Actual Immo (Linkedin).