Alors que la France est plus touchée que ses voisins par un phénomène de désindustrialisation massif lié à la mondialisation et à la montée en gamme des pays développés, industriels et gouvernement souhaitent faire de ce rendez-vous une vitrine des actions menées depuis un an pour relocaliser des activités en France et développer l'innovation, dans l'espoir de reconstruire un jour des usines.
Car l'industrie manufacturière ne représente plus que 11% du produit intérieur brut (PIB) français contre 16% en moyenne dans l'Union européenne, s'inquiétait en novembre 2020 France Stratégie, organisme de conseil placé auprès du Premier ministre.
Parmi les causes identifiées depuis dix ans, un coût du travail mais surtout une fiscalité trop élevés qui ont conduit les entreprises à délocaliser massivement plutôt que d'investir en France pour produire et exporter.
Le quasi-arrêt de l'économie durant la pandémie a jeté une lumière cruelle sur la réalité industrielle du pays.
La France s'est alors rendue compte qu'elle ne fabriquait elle-même ni ses masques, ni son paracétamol, et qu'elle a été l'un des seuls grands pays dits industrialisés à ne pas inventer de vaccin contre le coronavirus: une "humiliation", selon Louis Gallois, ancien patron de grands fleurons comme Airbus, Safran, SNCF ou PSA, aujourd'hui co-président du groupe de réflexion "la fabrique de l'industrie".
Pour les médicaments, entre 2005 et 2015, la part de marché des productions françaises au plan mondial a été "divisée par deux", a reconnu vendredi la ministre déléguée chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, sur Sud Radio.
"Pays sans usine"
Emmanuel Macron, qui assure avoir "vécu de manière très précise la morsure de la désindustrialisation" dans ses villes de jeunesse, Amiens ou Bagnères-de-Bigorre, a reconnu une "erreur fondamentale" des gouvernements successifs: "nous avons pensé pouvoir faire un pays sans usines", a-t-il concédé au magazine Zadig en mai.
Pour chasser cette idée, et marquer le premier anniversaire du plan de relance de 100 milliards d'euros sur trois ans, lancé avec l'aide de l'Union européenne, le gouvernement va venir en force à "Global Industrie".
Outre Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher, le Premier ministre Jean Castex interviendra lundi devant le Conseil national de l'industrie, où siègent représentants de l'État et des filières industrielles, du côté du patronat comme des salariés, ainsi que des personnalités qualifiées.
Dans l'après-midi, M. Castex poursuivra son périple industriel à Roussillon dans l'Isère où il doit rendre visite à un projet de réimplantation de production de paracétamol et un autre de décarbonation. Sur le seul dossier médicaments, le plan de relance finance plus d'une centaine de relocalisations de chaînes de production (médicaments, vaccins, dispositifs médicaux).
Mais, alors que les experts climat de l'ONU (Giec) viennent de rappeler que la température mondiale devrait augmenter de 1,5°C ou 1,6°C par rapport à l'ère pré-industrielle autour de 2030, soit dix ans plus tôt que dans leur précédente estimation d'il y a trois ans, le défi de la réindustrialisation est immense, car il doit nécessairement s'articuler avec celui de la transition écologique.
Plan de relance comme salon font d'ailleurs la part belle à la décarbonation ainsi qu'aux start-up innovantes (chimie verte, énergie, électronique, agroalimentaire, santé, biotech..).
Global Industrie, créé en 2018 à Villepinte (nord de Paris), est le produit de la fusion de quatre salons sectoriels (Industrie, Midest, Tolexpo et Smart Industries).
Il s'intéresse aussi bien à la mécanique qu'aux nanotechnologies, en passant par les machines-outils, la conception assistée par ordinateur, l'industrie 4.0, la tôlerie-fonderie, la gestion de l'eau ou les savoir-faire de la sous-traitance automobile ou aéronautique.
Le salon se tient en alternance chaque année à Paris et à Lyon.
En 2019, sa dernière édition avant la pandémie, il avait accueilli 45.000 visiteurs de 85 pays et 2.500 exposants venus d'une quarantaine de pays.