"Les ménages sont beaucoup moins optimistes sur leur situation financière future" et la proportion de ceux "estimant qu'il est opportun de faire des achats importants baisse fortement", a constaté jeudi l'Institut national des statistiques et des études économiques (Insee).
Par rapport à octobre, l'indicateur qui reflète la confiance des ménages perd quatre points et tombe à 90, la moyenne de longue période étant de 100.
La population est devenue beaucoup plus pessimiste concernant l'évolution de son niveau de vie, le solde d'opinions négatif, c'est à dire anticipant une dégradation, atteignant -65 en novembre, contre -46 en septembre et -25 sur une moyenne de longue période.
En avril, lors du premier confinement, le moral des ménages n'avait chuté qu'à 95 points, alors même que l'activité avait freiné d'environ 30% contre seulement 13% prévus par l'Insee pour le mois de novembre.
Mais de l'avis général, la crise sanitaire dont on pouvait espérer une sortie rapide au printemps, ne pourra pas être surmontée au cours des tout prochains mois, même avec l'arrivée sur le marché de plusieurs vaccins.
"On s'attend maintenant à ce que l'économie et la situation sanitaire aient partie liée au moins jusqu'à la mi-2021", déclarait la semaine dernière Julien Pouget, responsable du département conjoncture de l'Insee.
Aussi le gouvernement a-t-il ramené de 8% à 6% sa prévision de croissance pour l'an prochain, après une récession sans précédent de 11% attendue en 2020.
Peur du chômage
Autre mauvais signe pour la consommation et la reprise de l'économie, "la part des ménages estimant qu'il est opportun d'épargner augmente à nouveau", alors que les Français devraient accumuler cette année environ 100 milliards d'euros d'épargne supplémentaire, soit l'équivalent des dépenses prévues pour le plan de relance.
Mais pour que ce bas de laine, détenu selon l'OFCE à 70% par les 20% de ménages les plus aisés, soit dépensé ou investi dans l'économie productive, il faut que la confiance soit de retour, or celle-ci paraît avoir été plus entamée par le deuxième confinement que par le premier, même si la réouverture des commerces le 28 novembre et la période des fêtes de fin d'année devraient relancer la consommation.
L'un des principaux freins à cette confiance est la crainte du chômage, qui atteint ainsi son plus haut niveau depuis juin 2013, en augmentation de quatre points par rapport à octobre, rapporte encore l'Insee.
Tandis que des grands groupes comme Danone, Sodexo ou IBM ont annoncé ces derniers jours des coupes dans leurs effectifs, une entreprise de taille intermédiaire (ETI) sur trois prévoit de réduire les siens au cours des trois prochains mois, selon une enquête publiée mercredi par leur organisation professionnelle, le METI.
Et si les dispositifs de soutien aux entreprises et à l'emploi ont permis jusqu'ici d'éviter une explosion des licenciements, la situation pourrait se dégrader si le soutien budgétaire n'est plus au rendez-vous, a mis en garde l'assureur-crédit Euler Hermes dans une étude selon laquelle une entreprise européenne sur quatre court un "risque de trésorerie" en 2021.
Mais la poursuite de ces soutiens, qui en 2020 coûteront 34 milliards d'euros pour le chômage partiel et 20 milliards pour le Fonds de solidarité, implique un creusement encore plus important du déficit de l’État, alors que la dette publique devrait atteindre 120% du produit intérieur brut (PIB) cette année.