Plus de 3.000 personnes ont déjà signé une pétition, "après avoir vu, sur le site, la pancarte de la mairie autorisant la destruction", a indiqué à l'AFP Helena Staub, présidente du collectif de sauvegarde de la halle, aujourd'hui à l'abandon sur un terrain en friche. Cette dernière a également écrit à la ministre de la Culture Françoise Nyssen, elle-même arlésienne, pour demander son classement en monument historique.
Le site, situé au nord de la ville, avait été classé en 2012 "Patrimoine du XXe siècle", mais ce label a disparu depuis une loi de 2016. La même année, suivant les conseils de l'architecte des bâtiments de France, le préfet des Bouches-du-Rhône, Stéphane Bouillon, avait demandé, dans un courrier à la mairie d'Arles, l'ouverture d'une "réflexion sur l'avenir" de "ce témoignage rare de l'histoire de construction métallique".
Mais fin octobre 2016, la mairie choisit de céder le terrain au groupe Frey, spécialiste de l'urbanisme commercial, pour y construire un centre de 20 enseignes sur 19.000 m2 après la destruction de la halle --une décision que regrette quelques mois plus tard la Drac, qui juge dans un courrier que le bâtiment "aurait pu être réparé et adapté à un nouvel usage", enjoignant la municipalité à engager "une procédure de protection au titre des monuments historiques".
La ministre de la Culture, dans un courrier publié sur Twitter début décembre par un journaliste de La Marseillaise, est quant à elle moins catégorique: "Je souhaite avant de prendre une décision (...) que tous les enjeux du dossier, à la fois du point de vue de la préservation du patrimoine, mais également du point de vue économique, soient soigneusement étudiés", écrit-elle.
Cathédrale d'acier
Dans ce courrier, la ministre annonce aussi la tenue d'une réunion des services de l'Etat. "Tout le monde s'est prononcé pour la sauvegarde sauf le sous-préfet" d'Arles, indique Mme Staub. "Il y a un projet de classement temporaire du site", soutient un bon connaisseur du dossier mais aucune communication officielle n'a encore été faite sur ce sujet.
Erigée à Marseille, en 1906, pour l'Exposition coloniale, la halle, baptisée aussi "cathédrale d'acier", a été transférée à Arles en 1951.
Décrite sur le site du ministère de la Culture comme "très beau spécimen de structure métallique", haute de 20 mètres sur 99 mètres de long et 44,50 de largeur, elle a ensuite abrité les usines de riz Lustucru, avant de tomber en friche, à la fermeture de l'établissement, à la suite d'inondations, en 2003.
Les partisans d'une démolition mettent en exergue le coût important des travaux nécessaires à sa réhabilitation, évalué à "plusieurs centaines de milliers d'euros" par l'adjoint arlésien au patrimoine Christian Mourisard --une somme contestée par certains défenseurs du site.
La mairie d'Arles fait valoir qu'elle n'a pas ces moyens financiers, rappelant notamment que les fouilles de plusieurs sites antiques ont dû être abandonnées et les sites comblés faute d'argent. "A un moment donné, il faut faire des arbitrages, des choix, mêmes critiquables, je me suis rendu aux arguments de ceux qui prônent l'intérêt économique", assume M. Mourisard.
Pour résoudre le problème financier, Jean-Bernard Memet, un des partisans de la réhabilitation de la halle, émet une idée : "En 1907, à Marseille, une loterie municipale a été organisée pour y conserver la halle. Pourquoi ne pas commencer le +loto du patrimoine+ voulu par Stéphane Bern", le M. Patrimoine nommé par Emmanuel Macron, au profit de la halle?".
"S'il y a une loterie et qu'on la sauve, tant mieux!", conclut M. Mourisard.