"Tout le monde peut observer ce qui se passe aujourd'hui: un marché à l'arrêt", résumait lundi dans un communiqué Laurent Vimont, président de l'antenne française du réseau Century 21.
"En revanche, personne ne peut prédire ce qui se passera après la crise du Covid-19", poursuit M. Vimont, dont le réseau, deuxième français, compte près de 900 agences.
Début avril, c'est d'habitude l'heure des bilans de début d'année pour le logement français. Les chiffres trimestriels des principaux réseaux donnent une première idée du marché.
Le coronavirus a tout bouleversé, après plusieurs années de hausse continue des prix et alors que le nombre de ventes avait atteint un record en 2019, à plus d'un million.
Avec le confinement instauré mi-mars, les agences immobilières ont fermé leurs portes. Même si quelques opérations ont pu être achevées dans les premiers jours, les ventes se sont arrêtées.
Pour la suite, la plupart des acteurs affichent leur prudence, voire préfèrent ne rien dire, à l'instar du réseau Orpi - premier de France avec 1.200 agences - qui a jugé auprès de l'AFP trop tôt pour prendre position.
Au-delà des incertitudes sur la date et les conditions de la levée de confinement, annoncée comme "progressive" par le gouvernement, la principale question touche à la capacité du marché de reprendre à plein rythme quand le moment sera venu.
Reprise rapide ou crise durable
Rare acteur du marché à s'avancer un peu dans la prospective, le site Meilleursagents, qui compile les données remontées auprès de plus de 10.000 agences, table sur deux scénarios possibles.
Dans le premier, l'épidémie est maîtrisée avant l'été et les mesures publiques de soutien financier, comme les dizaines de milliards d'euros promis par le gouvernement français, suffisent à absorber le plus difficile.
Dans ce cas, "le marché immobilier pourrait repartir sans trop de heurts dès septembre", juge le site.
Il met aussi en avant le plan de 750 milliards d'euros prévu par la Banque centrale européenne (BCE), susceptible de pousser les banques à continuer à prêter à des taux d'intérêt extrêmement bas - l'un des principaux facteurs à avoir alimenté la demande des ménages en matière d'achat de logement.
Mais il y a aussi un scénario noir, face à la double menace d'une réapparition du virus et d'une crise économique durable si les faillites se multiplient face à un arrêt trop long de l'activité économique.
"L'hypothèse d'une sortie de crise sans heurt sur le marché immobilier s'envolerait", conclut le site. "Celui-ci serait dès lors amené à traverser une phase de repli qui durerait plusieurs années."
En tout état de cause, pour les mois à venir, il s'attend à une baisse des prix. Mais celle-ci resterait limitée, en particulier dans les grandes villes françaises comme Paris, où le mètre carré a franchi l'an dernier le seuil des 10.000 euros.
3.000 agences menacées de disparition
L'immédiat reste, de fait, la préoccupation première des agents immobiliers, inquiets pour leur propre capacité à survivre aux prochains mois.
"Aucun n'était armé pour encaisser durablement un tel choc", estimait la semaine dernière dans un communiqué Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim, première organisation du secteur.
La Fnaim estime que 3.000 agences, soit 20.000 emplois, pourraient disparaître à la suite de la crise, victimes de plusieurs mois d'inactivité.
Afin de permettre un fonctionnement minimal du marché, le gouvernement a néanmoins pris quelques mesures. Depuis ce week-end, un décret permet de signer à distance la vente d'un logement auprès d'un notaire.
Le ministère du Logement a également promis de retravailler une ordonnance très critiquée par la profession. Prise dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, elle laisse un long délai à l'acheteur ou au vendeur pour renoncer à l'opération.