Le rapport CRUX 2022 du cabinet HKA dresse un tableau peu reluisant du secteur de la construction et des nombreux litiges qui encombrent son quotidien. Au niveau mondial, 1.600 projets ont été analysés. Résultat : cumulativement, 80 milliards de dollars ont été perdus en réclamations et litiges, pour un total de 840 années de retard ! En Europe (28 pays et 431 projets analysés), si les dommages réclamés sont plus élevés en moyenne (38,5% du budget moyen du projet), les retards (60,5% de la durée prévue du programme) sont légèrement inférieurs à la moyenne mondiale (68,5%).
Outre les dommages financiers, les litiges judiciaires pèsent sur les différentes ressources des entreprises concernées, et entraînent potentiellement des effets domino sur les autres projets, mettant en péril les flux de trésorerie et les résultats de l’entreprise, et nuit également à son image. Un cercle vicieux au détriment du projet concerné bien sûr, mais qui peut faire peser un risque sur l'entreprise dans son ensemble.
Secteur de la construction : proactivité vs réactivité
Bien sûr, tous les litiges dans le secteur de la construction ne finissent pas devant un tribunal ! Lorsqu’un conflit apparaît, les collaborateurs peuvent être formés pour les résoudre à l’amiable, ou l’intervention de tiers, la médiation les assurances peuvent permettre de résoudre le problème. Mais l’ensemble de ces dispositifs restent coûteux, complexes et chronophages, et impliquent des efforts de part et d’autre pour les mettre en œuvre.
En d’autres termes, le plus efficace reste encore l’absence de litige. Ce qui suppose une parfaite information et une compréhension mutuelles parfaites des parties en présence au contrat. À cet égard, les solutions digitales de gestion de la construction garantissent une meilleure efficacité et une plus grande sécurité juridique aux projets de construction, notamment par l’amélioration de la qualité de la documentation, sans revenir constamment sur les méthodes et processus d’exécution.
Documenter chaque stade du projet
Le numérique n’a pas inventé le concept de la documentation d’un projet : plans, processus et contrats ont toujours existé. Mais les solutions digitales apportent en complément l’intégrité des données et la certification de l’exactitude des documents enregistrés. En cas de litige, la piste d’audit peut facilement être remontée et fournir ainsi une expertise rapide et fiable des éléments produits devant un tribunal.
Par ailleurs, avant d’en arriver au litige judiciaire, les systèmes numériques s’intègrent aisément dans la chaîne de valeur d’un projet : gestion des opérations en cours, validité des informations acceptées par chaque partie, etc. Limitant de fait le risque litigieux. La documentation partagée, à condition qu’elle soit complète et compréhensible par toutes les parties prenantes du projet, permet de gagner en proactivité, en communication et en résolution efficace et immédiate des problèmes et questionnements, avant qu’ils ne se transforment en véritable litige.
Mais la pertinence des solutions de gestion de la construction ne s’arrête pas aux litiges potentiels : outre la traçabilité des actions de chaque personne impliquée (qui a fait quoi, quand et pourquoi) et une plus grande fluidité des projets, elles en garantissent également la conformité réglementaire, dans un secteur particulièrement soumis aux contraintes des législateurs. Une conformité également assurantielle, afin que les cocontractants soient garantis d’être couverts en cas d’imprévus, avant, pendant et après la livraison du projet.
Une gestion de projet objectivée et efficace
Inflation réglementaire, innovation, technologie… le secteur de la construction se complexifie et les intervenants sur un même projet sont de plus en plus nombreux, multipliant les risques de défauts, et donc les risques juridiques associés. Réunir l’ensemble des parties prenantes autour d’une même solution numérique est l’assurance d’un projet mieux géré, moins onéreux et sans retard.
En amont, la planification basée sur des objectifs précis contribue à rationaliser les tâches, à coordonner les équipes et les étapes du projet et à prévoir les temps de communication, afin d’apporter clarté et exactitude à toutes les personnes impliquées. En cours de projet, l’apparition d’anomalies ou de retards est notifiée en temps réel, permettant d’optimiser les ressources et les processus, pour résoudre le défaut constaté sans nuire à l’avancée globale du projet.
Pendant et en aval du projet, le numérique apporte rigueur et confiance aux parties prenantes, les protégeant contre les risques de litiges longs et coûteux à résoudre. Ce qui contribue plus globalement à améliorer l’image de toute la filière de la construction, et à désengorger les tribunaux, au profit de résolutions amiables et rapides, sans risque juridique pour les professionnels du secteur.
Tribune d'Álvaro Vega, Regional Manager France, Espagne, Italie et Amérique Latine, PlanRadar (Linkedin).