A partir de lundi 25 novembre et jusqu'au 9 décembre, 4,6 millions de salariés des TPE et 780.000 employés auprès des particuliers, pourront voter lors de ce scrutin complexe qui ne soulève pas toujours les foules dans les entreprises "traditionnelles" (commerce de proximité, BTP, restauration, etc.) ou dans les "jeunes entreprises innovantes" de moins de 11 salariés.
"Les syndicats sont aux start-up ce que la machine à vapeur est à Elon Musk", plaisante Olivier, 41 ans, en écho à ce manque d'engouement. Pourtant, ce ne sont pas les problématiques qui manquent, assure cet ingénieur informaticien, encarté à la CFDT, qui reste anonyme.
Pour preuve, le compte "BalanceTaStart-up", suivi par 236.000 personnes sur Instagram, a longtemps répertorié des manquements au code du travail dans certaines de ces structures.
Sous un message de présentation qui indique que "le baby-foot c'est cool, mais le droit du travail c'est encore mieux", une salariée dénonçait anonymement, en juillet 2023, le comportement d'une dirigeante qui "envoie des messages très tôt le matin, très tard le soir, parfois en pleine nuit".
Mais ces salariés voteront-ils pour un syndicat lors de ces élections auxquelles n'avaient participé que 5,44% du corps électoral en 2021 ?
"Les syndicats ont très peu de portes d'entrée dans le milieu start-up" et les cadres qui les peuplent sortent d'"écoles de commerce, d'ingénieur, où ils n'ont pas connu la syndicalisation", regrette Thomas Aonzo, en charge des travailleurs indépendants à la CFDT.
"C'est une masse disséminée" qui lorsqu'elle connait un conflit au travail a tendance "à se tourner vers les prud'hommes" et non les élus. Or, "ce n'est pas parce que vous êtes dans une entreprise de moins de 11 personnes que vous n'avez aucun droit et aucune possibilité d'action", insiste le syndicaliste.
La démonstration n'est pas si évidente pour Inès (prénom d'emprunt), 26 ans, ancienne chargée de développement dans une boîte de production, qui votera "si (elle) y pense". Quand il y a un conflit, "on ne peut pas rester anonyme et si on parle, on risque d'avoir une mauvaise réputation et de ne pas retrouver un emploi car dans mon milieu, tout le monde se connaît".
Rapport de force
Au-delà du vote sur liste pour des représentants, le résultat de ces élections contribuera également à établir, dès avril, la représentativité de chaque organisation syndicale pendant quatre ans dans les branches, au niveau national.
En découleront également la répartition des sièges dans les Commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI) - chargées du dialogue social en local - et aux prud'hommes.
L'enjeu est de taille. Solidaires et l'Unsa, qui jouissaient de scores élevés dans certains secteurs (aides à domicile et petite enfance, respectivement) lors du dernier scrutin seront-ils cette fois représentatifs ? Le nouveau syndicat des Gilets jaunes, autorisé in extremis par la Cour de cassation à se présenter dans un arrêté rendu jeudi, trouvera-t-il son électorat ? La CGT sera-t-elle encore première dans les TPE ?
Sur le terrain, la numéro un de la CGT, Sophie Binet, s'est déplacée tous azimuts ces derniers mois de Paris à Toulouse en passant par Orléans, pour convaincre. Dans le Loiret, en octobre, la responsable syndicale a tenté de mobiliser en rappelant les avancées obtenues récemment telles que la signature de "deux accords pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles" pour les intermittents -souvent salariés de TPE - et "la majoration des heures supplémentaires" pour les aides à domicile et assistantes maternelles.
Même l'organisation patronale U2P, qui représente "les employeurs de l'artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales", s'est impliquée dans ce scrutin en appelant, dans un communiqué, à "une participation la plus élevée possible".
Verdict le 19 décembre.