Au procès de la rue d'Aubagne, un ex-adjoint au maire peu investi

"Je m'occupe des immeubles en péril pas des immeubles en général", a opposé l'élu au président Pascal Gand qui énumérait les rapports alarmants, les études annonciatrices de catastrophes et les alertes lancées par les architectes des Bâtiments de France dans les années précédant le drame qui a fait 8 morts le 5 novembre 2018.

"Je n'interviens dans la sécurité des immeubles que lorsqu'il y a un signalement, je ne m'occupe pas du logement", a insisté M. Ruas qui se partageait, à l'époque, entre son emploi de directeur d'une maison de retraite et ses fonctions d'adjoint à la prévention des risques urbains.

"Compte tenu de toutes les remontées d'information, est-ce que ce n'est pas votre rôle de mettre en oeuvre un plan d'action, de ne pas être dans l'attente des signalements mais au contraire d'être proactif ?" revient à la charge le président du tribunal.

Mais les coups les plus rudes sont venus de ses propres services. Directeur du Service de prévention et de gestion des risques (SPGR), Christophe Suanez fait le portrait d"un élu peu investi. "Je n'ai pas le souvenir de l'avoir vu sur une intervention pour un péril grave", déclare celui dont les relations avec l'adjoint étaient "parfois compliquées pour des raisons de disponibilité".

A son arrivée, en 2012, Christophe Suanez avait 80 agents sous ses ordres, en 2018, ils n'étaient plus que 47.

L'ex-adjoint de Jean-Claude Gaudin se voit aussi reprocher de ne pas avoir utilisé une enveloppe de 6,5 millions d'euros votée en 2013 pour réaliser des travaux d'office dans les bâtiments dangereux. Le tribunal s'étonne qu'en quatre ans, seulement 350.000 euros aient été dépensés malgré l'état catastrophique de l'habitat marseillais.

"La doctrine était d'inciter les propriétaires et rares ont été les fois où les propriétaires ont été défaillants", affirme M. Ruas. "Ce qui ressort de vos réponses, c'est une attitude très attentiste", tranche le président.

A la question d'une assesseure qui évoque un élu "passif et retranché dans sa délégation", Julien Ruas rétorque, un instant ébranlé : "Vos collègues de l'instruction m'ont envoyé ici pour toute la ville de Marseille. J'ai les épaules larges, il faut assumer".