Pour Brice Lalonde, ancien ministre, président d’Équilibre des Énergies : « Des projets de PPE et de SNBC, je retiens la réaffirmation de la nécessité d’aller plus vite dans la décarbonation de l’économie en mobilisant tous les moyens à notre disposition : l’efficacité énergétique, l’électrification des usages mais aussi la promotion de la chaleur renouvelable et le développement ciblé des nouveaux vecteurs énergétiques. Il faut aider le Gouvernement dans ce mouvement. Nos 34 recommandations traduisent notre vision de la transition énergétique, déterminée mais équilibrée et répondant à la complexité de notre époque. »
Le développement des usages de l’électricité est incontournable
Alors que l’électricité produite en France est quasiment décarbonée, la nouvelle électrification des usages n’a pas commencé et la part de l’électricité dans le bilan des consommations d’énergie stagne aux environs de 27%. Aujourd’hui, le nucléaire français a retrouvé un niveau de performances qui permet d’écarter le risque de pénurie. L’électricité est là : il faut l’utiliser pour sortir des énergies fossiles et moderniser notre économie.
Équilibre des Énergies appelle à :
- promouvoir dans tous les domaines les solutions électriques performantes, en premier lieu les pompes à chaleur, les véhicules électriques et les procédés électriques industriels ;
- accélérer le développement des moyens de production, dans une optique de neutralité technologique associant nucléaire et renouvelables ;
- renforcer et adapter le réseau électrique, au changement climatique notamment ;
- assurer aux consommateurs des prix de l’électricité compétitifs et stables, sans grever les capacités d’investissement des producteurs;
- promouvoir au niveau européen un « Electrification Act » mobilisateur.
Chaleurs décarbonées et nouveaux vecteurs énergétiques joueront également un rôle essentiel
Les chaleurs bas-carbone – renouvelables, de récupération ou d’origine nucléaire via les SMR notamment – doivent également être développées. Les pompes à chaleur ont le mérite de combiner usage de l’électricité et valorisation de la chaleur de l’environnement. Le potentiel de la géothermie mérite d’être revisité.
La biomasse, les carburants de synthèse, l’hydrogène, le biogaz sont des ressources à développer mais en les ciblant sur les secteurs où elles sont les mieux adaptées, notamment lorsque les « molécules » sont indispensables aux usages.
Les énergies fossiles resteront resteront pour certains usages nécessaires. Le captage, le stockage et la réutilisation du CO2 doivent devenir une composante à part entière de la politique énergétique, notamment pour compenser les incertitudes sur l’avenir des puits de carbone naturels.
Efficacité et sobriété
Quelle que soit la filière énergétique, la sobriété et l’efficacité sont deux règles clés à respecter. La rénovation thermique des logements est l’un des grands défis à relever. Pour obtenir des résultats rapides et durables, Equilibre des Energies recommande de traiter un maximum de logements en sélectionnant pour chacun les actions de décarbonation les plus efficaces.
Equilibre des Energies propose également de mettre à l’étude un système d’aides fortement déconcentré, soutenu par un fonds d’intervention régional à la rénovation des logements, associant les dotations budgétaires, les contributions des obligés aux certificats d’économies d’énergie, les fonds issus de l’EU-ETS 2 européen et l’abondement par les collectivités territoriales.
Extrait des propositions d’Équilibre des Énergies pour lancer la deuxième révolution électrique
- Élaborer, en complément à la PPE, un plan d’électrification des usages
- Accélérer le déploiement des capacités de production d’électricité bas-carbone, en tenant compte des nouveaux besoins en électricité liés notamment à la production des carburants de synthèse.
- Promouvoir au niveau européen l’élaboration d’un Electrification Act s’inscrivant dans la continuité des décisions du Conseil du 27 juin 2024.
- Accroître les moyens offerts aux gestionnaires de réseau, avec une vision industrielle et prospective. Inscrire le plan réseaux de la France dans un programme européen dont la nécessité doit être portée au niveau européen.
- Réajuster la fiscalité énergétique (accises) et autres prélèvements pesant sur les consommateurs (certificats d’économies d’énergie) en prenant davantage en compte le poids carbone des énergies.
- Lever les obstacles réglementaires au développement des solutions électriques dans les logements : adopter le coefficient de conversion de l’électricité en énergie primaire au niveau retenu par les textes européens.
- Lancer un programme de conversion des logements chauffés par convecteurs électriques, notamment vers les pompes à chaleur air/air, ou, en cas d’impossibilité technique, vers des radiateurs à haute performance.
- Confirmer les objectifs de développement du véhicule électrique et pérenniser, par périodes de trois ans reconductibles, le soutien à l’acquisition des véhicules ainsi que l’équipement en bornes dans les logements collectifs, le long des autoroutes et dans les territoires.
- Elaborer un stratégie industrielle de développement des carburants durables pour l’aviation.
- Cibler la stratégie hydrogène sur les usages prioritaires
- Intégrer le CCUS en tant que composante à part entière de la politique énergétique
- Réserver la biomasse aux usages pour lesquels il n’existe pas d’alternatives faciles à mettre en œuvre.
Retrouvez ces 12 propositions ainsi que les 22 autres dans le document téléchargeable ICI