"Ces effondrements ne doivent rien à la fatalité, au hasard et encore moins à la pluie", a insisté en introduction le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, qui s'était déplacé pour accompagner son confrère Michel Sastre, signe de l'importance de ce drame qui avait fait huit morts en 2018.
"Cette catastrophe est venue apporter un terrible éclairage sur l'habitat indigne dans la cité phocéenne, d'un chaos silencieux à une réalité criante", a-t-il ajouté.
Les mots les plus sévères ont été prononcés à l'encontre du seul élu poursuivi dans ce dossier: Julien Ruas, alors chargé de la police des immeubles en péril de l'exécutif dirigé alors par le LR Jean-Claude Gaudin. Il est pour Michel Sastre "un auteur indirect du drame par son comportement blâmable, inadmissible".
"C'est quoi la proactivité ? Ces 40.000 logements insalubres (dans Marseille) il fallait les chercher, on ne l'a pas fait" or "quand il y a des vies en jeu, les deniers publics, on ne les économise pas", fulmine le procureur.
A son encontre, il a requis trois ans de prison ferme et 45.000 euros d'amende.
L'architecte Richard Carta, qui avait expertisé l'immeuble moins de trois semaines avant son effondrement et bouclé sa visite en une heure, "a été ce soir-là un expert pressé, un expert qui a failli à la rigueur professionnelle de la réalisation de sa mission, commettant de graves manquements", selon M. Sastre.
Il a demandé à son encontre trois ans de prison dont un avec sursis, 40.000 euros d'amende avec interdiction de réaliser des expertises.
Sur les copropriétaires, cités à comparaître directement par les parties civiles, Michel Sastre s'est dit "face à une situation inédite: requérir contre des personnes que le parquet n'a pas poursuivies".
Pour autant, "ils avaient tous connaissance des problèmes structurels de leur immeuble, ils avaient pour objectif de jouer la montre, dépenser le plus tard possible et le moins possible", a regretté M. Sastre pour qui ils sont coupables de "manquements graves".
Il a réclamé à leur encontre des peines allant de deux ans de prison dont un avec sursis jusqu'à cinq ans dont deux avec sursis à l'encontre d'un des propriétaires qui était à l'époque aussi un élu régional, et l'avocat du syndic de l'immeuble, Xavier Cachard.
Le procès doit se terminer le 18 décembre, avant un jugement attendu en 2025.