Depuis l'allée - déserte - qui mène à la Seine, des bruits de scie et autres outils de chantier se font encore entendre. Les ouvriers sont à l'oeuvre dans les bâtiments et sur les terrains alentours pour aménager ou ré-aménager ce qui était une friche industrielle "où personne ne voulait aller avant", selon le maire socialiste de Saint-Denis, Mathieu Hanotin.
Désormais, les façades modernes et colorées se succèdent d'un côté de l'allée, et de l'autre l'ancienne centrale électrique de la Halle Maxwell a été réhabilitée, pour accueillir des équipes du ministère de l'Intérieur.
Au milieu de la rue, l'immeuble aux rambardes de balcons dorées, précédemment occupé par la délégation d'athlètes australiens, fait sa mue : dans l'appartement de 4 pièces du deuxième étage, il reste encore des traces aux murs et au plafond de l'ancienne cloison, qui délimitait une chambre occupée par deux athlètes.
"En tout il y avait huit athlètes dans cet appartement", répartis dans quatre chambres doubles, explique Virginie Leroy, présidente de Vinci Immobilier, l'un des promoteurs qui a conçu les bâtiments du village olympique.
De cet hébergement provisoire, trois chambres et les deux salles de bain restent inchangées, l'espace de vie commune est transformé en cuisine et s'ouvre sur l'ancienne quatrième chambre, dont la cloison a été cassée pour créer un grand séjour.
Travaux "minimes"
"Finalement les travaux de transformation sont minimes car on avait conçu les espaces en vue de faire des logements", explique Constantin Lécosse, directeur technique de Vinci Immobilier.
Du carrelage de cuisine avait, par exemple, déjà été posé dans l'espace de vie commune et les deux salles de bain, dont une accessible aux personnes à mobilité réduite, sont conservées "pour le confort des habitants", détaille-t-il.
La priorité a été donnée à la qualité du cadre de vie des futurs habitants, et ensuite les équipes de Vinci Immobilier ont réfléchi aux façons de "faire rentrer" des chambres d'athlètes dans ces logements, a expliqué Virginie Leroy à la ministre du Logement et de la rénovation urbaine Valérie Létard, lors d'une visite organisée jeudi.
Dans sa globalité, l'ancien village olympique sera transformé en 2.800 logements, deux groupes scolaires, des bureaux pour 6.000 salariés, 6 hectares d'espaces verts, des commerces...
"Un héritage très fort pour le territoire", qui permettra de loger "6.000 nouveaux habitants", s'est félicité Yann Krysinski, directeur général de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo).
Parmi les 1.034 logements conçus par Vinci (l'un des promoteurs avec Icade ou Nexity), 282 seront des chambres étudiantes, 160 des logements sociaux, 354 seront loués par un investisseur institutionnel à un prix adapté aux classes moyennes et 238 seront à vendre à des particuliers (programme d'accession à la propriété ou via le bail réel solidaire).
"Les étudiants feront leur rentrée 2025 dans les résidences du village des athlètes", a assuré Yann Krysinski. Les autres logements, en grande partie conçus pour des familles, seront livrés au cours de l'année prochaine, selon le responsable de "l'héritage des Jeux".
La faible consommation de carbone figurait au cahier des charges de la Solideo, autant pour la construction, qui a utilisé du béton bas-carbone et du bois, que dans les usages, qui bénéficieront d'un système de chauffage et de rafraichissement géothermique.
Le futur quartier s'est vu décerner jeudi la label EcoQuartier de l'État.
Lors d'une conférence de presse, Valérie Létard a salué "un symbole vivant de notre capacité à construire une France résolument tournée vers l'avenir" et dit souhaiter s'inspirer des innovations de Paris 2024 pour présenter des "mesures de simplification en matière d'urbanisme et de construction".
Le "permis de construire à double état", qui a permis la transformation des bâtiments sans demander une nouvelle autorisation, "fait des émules", selon la ministre, qui fait référence aux travaux parlementaires sur une "permis +multidestinations+ au profit de la transformation de bureaux en logement".