QUESTION: Selon l'Insee, le déficit public a atteint 9,2% du produit intérieur brut (PIB) l'an dernier, après 3% en 2019. C'est moins que ce que vous aviez prévu, mais c'est quand même un niveau jamais vu...
REPONSE: Les chiffres sont à la fois historiques et encourageants. Historiques, parce que le déficit de l'année 2020 est le plus important que la France ait connu dans la période contemporaine, et encourageants car il est moins important que ce que nous avions imaginé lors du vote du dernier projet de loi de finances rectificatif pour 2020 et de la loi de finances pour 2021.
La prévision qui était la nôtre était à 11,3%, mais le maintien de l'activité à un niveau plus important que prévu et les recettes fiscales plus importantes que prévues aussi, font que le déficit public s'établit en 2020 à 9,2%. Cela représente un montant de 211,5 milliards d'euros.
On est 2 points en dessous de nos prévisions de la fin de l'année, et ça c'est encourageant, parce que cela illustre la capacité de résistance de l'économie française, tout comme l'efficacité des mesures d'aides que nous avons mises en place, comme le fonds de solidarité, l'activité partielle qui permet le maintien des compétences et des emplois.
En ce qui concerne la dette publique, elle va s'établir à 115,7% du PIB, alors que nous pensions être autour de 120%. C'est là encore totalement historique.
C'est un double effet mécanique. Le fait que le déficit soit moins prononcé que prévu a forcément un impact sur le niveau de la dette et le coût de la dette. Et puis le fait que la récession ait été moins forte que prévu nous permet de finir l'année avec un niveau de PIB moins dégradé que prévu.
La charge de la dette en 2020 s'élève elle finalement à 33,2 milliards d'euros, alors qu'on était à 38,9 milliards en 2019. C'est le fait de la baisse des taux d'intérêts, donc c'est plutôt une bonne nouvelle.
Q: Avec la poursuite de l'épidémie, les aides vont devoir être maintenues plus longtemps. A combien évaluez-vous leur coût cette année?
R: Nous l'avons dit, nous continuerons à aider les Français et les entreprises aussi longtemps que l'activité sera empêchée, aussi longtemps que nous devrons prendre des décisions qui restreignent les horaires d'ouverture, qui obligent à des fermetures administratives.
Sur le coût des mesures d'urgence, cela peut évoluer en fonction de l'évolution de la situation, mais à date nous estimons qu'il dépassera les 30 milliards d'euros, autour de 32 milliards d'euros, avec 18 milliards pour le fonds de solidarité, 11 milliards pour l'activité partielle et environ 3,5 à 4 milliards d'euros pour les exonérations de cotisations sociales.
Q: Vous attendez toujours une croissance de 6% en 2021. Est-ce que ces dépenses vous poussent à revoir votre prévision d'un déficit ramené à 8,5% du PIB cette année?
R: Pour le moment nous n'actualisons pas nos prévisions sur la dette et le déficit. Sur le déficit nous avons une prévision de 8,5%, et il est trop tôt pour que nous puissions la modifier. Cette modification devra tenir compte de deux mouvements contraires. Il y a un mouvement qui est relatif au coût des aides, tout en précisant que sur les 32 milliards que j'ai évoqués, beaucoup sont d'ores et déjà intégrés dans la loi de finances pour 2021 et donc dans cette prévision d'un déficit à 8,5%.
Il y a un deuxième mouvement, qui est inverse. Le fait d'avoir réalisé un déficit moins important et une récession moins importante en 2020 peut avoir des effets positifs sur la révision de nos indicateurs pour 2021.
Malgré ce contexte épidémique et malgré l'incertitude, je reste extrêmement optimiste sur la capacité de rebond de l'économie française. Il y a un certain nombre d'indicateurs qui sont très rassurants: le fait que l'investissement des entreprises se tient bien, que la consommation se tient bien, le fait que selon l'Insee, le pouvoir d'achat des ménages français a légèrement progressé de 0,6% en 2020 malgré la récession de 8,2%. Et le plan de relance a vocation à accélérer la reprise.