Les cinq points à retenir :
Le nucléaire est une source d'énergie bas carbone reconnue
La même méthodologie (ACV) est utilisée aujourd'hui dans tous les secteurs pour calculer le bilan environnemental d'un service ou d'un produit. Le GIEC établit la médiane des émissions du nucléaire au niveau mondial à 12 g/kWh. En France, les émissions se situent dans la fourchette basse (jusqu'à 4-5 g/KWh), en raison du faible contenu carbone de l'électricité utilisée pour l'étape d'enrichissement.
L'efficacité de l'énergie nucléaire à réduire les émissions de gaz à effet de serre est démontrée
L'énergie nucléaire est industriellement disponible et déployable à grande échelle. Depuis 1970, elle a permis d'éviter le rejet de plus de 60 Gt de CO2 dans le monde, soit l'équivalent de cinq années d'émission de CO2 du secteur électrique. Ceci en fait la deuxième énergie bas carbone contributrice derrière l'hydroélectricité. À l'exception de la Norvège, les pays européens qui ont réduit rapidement leurs émissions dans le secteur électrique (Suède, Suisse, France), combinent énergie nucléaire et hydroélectricité. Grâce à l'énergie nucléaire, la France est le plus décarboné (en émissions par habitant) des sept plus grands pays industrialisés (G7). Enfin, l'analyse du programme nucléaire suédois à partir de 1972 démontre la capacité du nucléaire à décarboner rapidement le système électrique : les émissions par habitant ont baissé de 75 % en moins de vingt ans.
A contrario, les mises à l'arrêt de centrales nucléaires ont abouti à une stagnation, voire une augmentation, des émissions de gaz à effet de serre
États-Unis, Europe, Japon : plusieurs pays ont vu des fermetures de centrales ces dernières années. Malgré d'importantes ressources financières et l'accès à la meilleure technologie, les politiques menées se révèlent inefficaces, voire contre-productives au plan climatique. En Californie, dans le Vermont, dans le New Jersey, on voit, avec des fermetures prématurées de centrales, que c'est le gaz de schiste, fortement émetteur de gaz à effet de serre, mais pilotable, qui se substitue à l'énergie nucléaire bas carbone. En Allemagne, malgré des investissements massifs, la part du charbon, l'énergie la plus polluante, est restée stable : le pays n'atteindra pas ses objectifs climatiques. Le Japon, avec le trop lent redémarrage des réacteurs nucléaires, reste le premier acheteur mondial de gaz liquéfié : ses électriciens montrent même un nouvel intérêt pour le charbon.
Le nucléaire sera indispensable, au côté des énergies renouvelables, pour atteindre les objectifs de décarbonation
La décarbonation du secteur électrique est au coeur des enjeux climatiques : l'électricité représente 40 % des émissions totales, et est encore dominée par le charbon et le gaz (63 % du total). Des solutions bas carbone sont disponibles. Décarboner l'électricité représente pourtant un défi considérable. Les derniers scénarios fixent maintenant la barre très haut, visant une décarbonation totale du système électrique à l'horizon 2050, alors qu'on s'attend en même temps, en raison de la croissance démographique et du rattrapage des pays émergents, à un doublement de la consommation électrique. En dépit d'investissements massifs, les énergies renouvelables ne suffisent pas à elles seules à soutenir le rythme de décarbonation nécessaire. Les institutions internationales estiment toutes qu'il faudra mobiliser l'ensemble des technologies bas carbone (renouvelables, nucléaire et CCS) pour réduire les émissions.
L'énergie nucléaire a le potentiel aujourd'hui pour décarboner plus et plus rapidement
Le nucléaire est industriellement disponible aujourd'hui dans tous les grands pays émetteurs de gaz à effet de serre de la planète ; Chine, États-Unis, Inde, Europe, Japon... Il représente une véritable alternative bas carbone au charbon, puisqu'il permet lui aussi de produire de l'électricité de manière massive, avec une disponibilité moyenne de l'ordre de 90 %. Comme le montre l'exemple de la France, la flexibilité du nucléaire rend possible le développement des renouvelables variables. Il s'insère dans le système électrique européen et évite en bonne part le recours à des unités à gaz ou à charbon dans les pays qui développent des parcs renouvelables.
La SFEN formule quatre propositions
À l'échelle nationale d'abord, la France doit :
- Proposition 1 : Piloter de manière prudente son mix électrique, pour ne jamais être acculée à devoir développer à court et moyen terme des centrales à gaz.
- Proposition 2 : Tirer parti de son électricité bas carbone pour décarboner le quotidien des Français, principalement dans les transports (29 % des émissions de CO2) et dans l'habitat.
À l'échelle internationale ensuite, la France doit :
- Proposition 3 : Garantir la compétence industrielle nucléaire au niveau européen.
- Proposition 4 : S'engager pour que la technologie nucléaire soit reconnue pour les services qu'elle rend, et puisse jouer son rôle.
La note de la SFEN est disponible en ligne.