Le chef de l'Etat, arrivé mercredi soir en Ouzbékistan en provenance du Kazakhstan, autre ex-république soviétique, achève ainsi une visite de deux jours dans un ancien pré-carré russe de plus en plus courtisé par la Chine, la Turquie et l'Europe.
Il est le premier président français à se rendre dans ce pays depuis François Mitterrand en 1994. De mausolées en madrasas (écoles coraniques), il marchera d'ailleurs dans ses pas au coeur de la mythique cité sur l'ancienne Route de la soie qui reliait la Chine à l'Europe.
Emmanuel Macron s'entretiendra d'abord avec son homologue ouzbek, Chavkat Mirzioïev, à la tête du plus peuplé des pays centrasiatiques avec 35 millions d'habitants.
Les deux dirigeants assisteront ensuite à une cérémonie d'échange d'accords puis ouvriront un forum d'affaires franco-ouzbek.
Le spécialiste français de l'uranium, Orano, déjà très présent au Kazakhstan voisin, ambitionne de développer aussi son activité d'extraction en Ouzkékistan.
Emmanuel Macron est accompagné d'une délégation d'une soixantaine de chefs d'entreprise, ce pays, longtemps reclus, suscitant un vrai engouement depuis qu'il est sorti de son isolement.
"Réformes"
Comme le Kazakhstan avant lui, l'Ouzbékistan mise depuis 2016 sur l'ouverture économique pour attirer les investisseurs étrangers et sur la diversification de ses partenaires pour asseoir son indépendance, notamment vis-à-vis de l'ancienne puissance tutélaire russe.
S'il a sorti son pays des deux décennies d'isolement imposées par son prédécesseur, le redouté Islam Karimov, dont il était un fidèle serviteur, le président Mirzioïev ne souffre en revanche aucune contestation. En juillet 2022, 21 personnes ont été tuées lors de rares manifestations ayant dégénéré.
L'Elysée préfère mettre l'accent sur cette "dynamique de réformes" tout en assurant aborder régulièrement la question de l'Etat de droit avec ses interlocuteurs.
La France espère doubler chaque année des échanges bilatéraux encore modestes. Les exportations françaises vers l'Ouzbékistan s'élevaient à 240 millions d'euros en 2022.
Deux groupes français, Veolia et Suez, ont déjà pignon sur rue avec respectivement la gestion du chauffage urbain et l'assainissement de l'eau dans la capitale Tachkent.
A Astana, Emmanuel Macron a appelé mercredi à "accélérer" le partenariat stratégique avec le Kazakhstan et loué le refus de toute "vassalisation" du pays, notamment vis-à-vis de la Russie, malgré les "pressions" subies.
Des contrats portant sur les minerais stratégiques -- avec une coopération dans la recherche géologique --, la production de vaccins contre la fièvre aphteuse et le développement d'un important parc éolien en collaboration avec TotalEnergies ont été signés.
Comme Mitterrand
Le groupe EDF est aussi candidat pour le projet de première centrale nucléaire kazakhe, qui doit être confirmé par référendum d'ici à la fin de l'année.
Comme au Kazakhstan, où des accords ont été signés pour favoriser l'enseignement de la langue française, Emmanuel Macron va inaugurer une antenne de l'Alliance française à Samarcande.
A l'image de François Mitterrand en 1994, le chef de l'Etat, accompagné de son hôte, visitera plusieurs sites de cette ville légendaire où le chef de guerre Tamerlan fit édifier de somptueux édifices au XIVe siècle.
Il découvrira notamment l'impressionnant édifice de briques ocre surmonté d'une coupole de céramique bleu turquoise abritant le tombeau de Tamerlan, artisan du passé glorieux de la cité.
De même que l'Observatoire astronomique où est exposé un sextant avec lequel le savant Ouloug Bek, petit fils de Tamerlan, mesura à 58 secondes près l'espace-temps d'une année.
Emmanuel Macron ponctuera sa visite sur la place du Régistan, monumentale esplanade encadrée de trois medersas du XIVe siècle, elles aussi richement décorées de céramiques et de versets du Coran.