Première à être reçue, la numéro un de la CFDT Marylise Léon a fait état à sa sortie de Matignon d'une "rencontre constructive".
"On a eu un Premier ministre et une ministre du Travail très attentifs", a-t-elle souligné, assurant que Michel Barnier a "expliqué qu'il y aurait une proposition de méthode et un certain nombre de réponses dans son discours de politique générale" mardi prochain.
Reçu à sa suite, le patron du Medef Patrick Martin a aussi fait état de "beaucoup d'écoute", saluant "l'esprit respectueux de la réunion".
Dès sa prise de fonctions début septembre, M. Barnier avait promis "des ruptures" et affirmé qu'il fallait "respecter et prendre en compte les partenaires sociaux", une manière de s'appuyer aussi sur la société civile alors que sa fragile coalition est menacée de censure par la gauche et l'extrême droite.
Sa nouvelle ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet est allée encore plus loin lundi sur ce changement de méthode en indiquant qu'elle comptait s'employer à "restaurer" des liens qui "se sont parfois distendus ces dernières années".
Sur le fond, la CFDT a remis "en main propres" à M. Barnier un document d'une quarantaine de pages portant ses revendications "pour répondre aux attentes des travailleurs et travailleuses".
Mme Léon en avait souligné les grandes lignes un peu plus tôt auprès de journalistes, citant le pouvoir d'achat comme "sujet numéro un" et regrettant que "rien n'a(it) été concrétisé" après la conférence sociale d'octobre 2023.
Elle a aussi cité le travail, la transition écologique, les questions budgétaires, la fiscalité, le service public ou encore l'assurance chômage.
Sur ce dernier sujet, le temps presse. La réforme durcissant les conditions d'accès et les règles d'indemnisation a été suspendue au soir du premier tour des législatives et les règles en vigueur arrivent à échéance le 31 octobre.
Comme d'autres responsables syndicaux, Mme Léon plaide pour "reprendre l'accord de 2023" conclu entre les partenaires sociaux qui n'avait pas été validé par le gouvernement. Elle a appelé à le compléter par "une négociation flash" pour aboutir à "un engagement sur les seniors".
Quant aux retraites, autre dossier en suspens, elle s'est interrogée sur l'engagement du Premier ministre d'"améliorer" la réforme controversée: "S'il doit y avoir une réouverture des discussions, il faut que la question des 64 ans soit a minima levée, suspendue", a martelé Marylise Léon.
"Dernière extrémité"
Le patron du Medef Patrick Martin, reçu dans l'après-midi, a fait état à la sortie d'une "conscience partagée de la gravité de la situation du pays".
Après s'être dit lundi "prêt à discuter" d'une hausse d'impôts des entreprises, mais sous conditions, il a dit avoir réaffirmé au Premier ministre qu'"en dernière extrémité, de manière extrêmement ciblée, temporaire et exceptionnelle" la question de la fiscalité et des "charges" sociales "pouvait s'envisager".
Son homologue de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) François Asselin a fait savoir qu'il serait reçu jeudi à 15H45, son organisation soulignant dans un communiqué que "les hausses d'impôts ne règleraient pas le problème du déficit public". Toujours côté patronal, le président de l'Union des entreprises de proximité (U2P) Michel Picon sera à Matignon le même jour à 18H00.
La numéro un de la CGT, Sophie Binet, qui sera reçue mercredi à 09H00, compte, selon son entourage, évoquer notamment la réforme de l'assurance chômage, espérant qu'Astrid Panosyan-Bouvet va l'"enterrer définitivement".
Quelques jours avant la mobilisation du 1er octobre, la responsable syndicale rappellera aussi son souhait d'abroger la réforme des retraites, a-t-on indiqué de même source.
Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, sera reçu mercredi à 12H00, et son homologue de la CFTC, Cyril Chabanier, jeudi à 14H00.
Le vrai test pour tous sera la déclaration de politique générale: un leader syndical rappelait ces derniers jours que la tradition est plutôt de "râler une fois que le Premier ministre s'est exprimé".