"Sans aménagements", le gestionnaire Aéroports de Paris estime que l'accueil dans l'aéroport situé au nord de Paris "serait fait avec une qualité de service très dégradée", notamment "une forte augmentation des temps d'attente".
Le PDG du gestionnaire d'aéroports, Philippe Pascal, a évoqué "un moment déterminant pour l'avenir de l'aéroport et du groupe ADP". "L'intermodalité, notamment le ferroviaire, sera au coeur" de ce projet d'aménagement qu'il a qualifié "d'anti-gigantisme" lors d'un point presse.
Au programme, pas de nouvelles pistes ou de terminaux supplémentaires : quatre ans après l'abandon du projet contesté d'extension de l'aéroport via la construction d'un quatrième terminal, ADP indique en effet que son "modèle d'aménagement ne sera plus celui du Terminal 4, visant une augmentation massive, en un seul bloc, de ses capacités", mais plutôt "une approche plus progressive et plus sobre des nouvelles constructions", "sans surdimensionner les capacités".
L'objectif est d'"accompagner la croissance du trafic, même modérée" de Roissy-CDG, de "proposer un modèle d'aéroport décarboné" et de "préserver la dynamique de création d'emplois à l'aéroport" - qui s'appuie aujourd'hui sur près de 90.000 salariés pour l'accueil, la sécurité ou encore le transport des bagages.
Le coût de la première phase du projet est estimé à "3,5 à 4,5 milliards d'euros entre 2025 et 2035, entièrement à la charge d'ADP", a précisé à l'AFP Justine Coutard, directrice générale déléguée du groupe.
Dès 2030, une salle d'embarquement sera créée à l'est du terminal 2E "pour améliorer la qualité de service proposée aux passagers, et ainsi la compétitivité du hub" d'Air France. Un salle d'embarquement supplémentaire se concrétisera aussi à l'extrémité ouest du terminal 2A.
"Compétition féroce"
ADP annonce également "la refonte des principales (zones de) frontières internationales, avec des bâtiments adaptés et mieux dimensionnés, pour garantir une meilleure qualité de service".
Ainsi, au terminal 1, "un projet de nouvel espace de passage de la frontière, (...) entre le terminal historique et la salle d'embarquement internationale, est en cours d'étude", tandis qu'au terminal 2E, "le passage de la frontière arrivée sera transféré dans un nouveau bâtiment avec une meilleure expérience : 4,5 m sous plafond et lumière du jour".
Côté transports, la ligne de métro automatique interne "Lisa" va être prolongée pour faciliter la connexion entre les salles d'embarquement du hub d'Air France, et "un deuxième métro automatique entièrement dédié à la correspondance" sera lancé.
Le projet prévoit également de développer la gare SNCF située dans le terminal 2 de Roissy-CDG, en créant un "bâtiment de jonction train/avion entre la gare CDG2 et le Terminal 2E", et en "facilitant les parcours depuis les salles de livraison bagages vers la gare (...) pour les passagers retournant vers Paris par les transports en commun, ou les clients en correspondance vers les grandes lignes".
Pour Anne Rigail, directrice générale de la compagnie Air France, ce projet est une "réponse" à une "compétition féroce des autres aéroports internationaux", et il est nécessaire de "s'élever au niveau des meilleurs standards internationaux".
ADP indique avoir lancé une "concertation publique volontaire" sur son projet, ouverte du 8 avril au 8 juillet auprès de 800 communes et sur le site cdgetvous.groupe-adp.com.
Au-delà de cette première phase, le groupe envisage un deuxième volet d'aménagements pour 2050 qui sera "strictement corrélé à la croissance constatée du trafic de la plateforme".
L'hypothèse privilégiée à ce jour par ADP "est la création de salles d'embarquement internationales supplémentaires au nord de la plateforme, d'une capacité de 8 millions de passagers chacune", tandis que "le prolongement du réseau de métro de correspondance en zone internationale pourrait alors être réalisé, pour relier l'ensemble des salles d'embarquement".