"Nous devons ouvrir les yeux collectivement sur la réalité dans notre pays au niveau économique, et opérer un changement radical en changeant de méthode et de pilotage des effectifs", a déclaré M. Kasbarian lors d'une audition devant la commission des Lois de l'Assemblée nationale.
"C'est pourquoi, dès cette année, (...) je souhaite travailler à la mise en oeuvre d'un véritable programme de gestion prévisionnelle des compétences au sein de l'État", a-t-il précisé.
"Nous vivons dans un monde en constante mutation où les technologies évoluent rapidement et, dans ce contexte, s'appuyer uniquement sur des stratégies réactives - comme nous le faisons malheureusement un peu souvent - est insatisfaisant", a-t-il ajouté.
Les crédits alloués au ministère de la Fonction publique dans le cadre du projet de budget du gouvernement pour 2025 ont été revus en baisse de 27% à environ 800 millions d'euros.
"Malgré les contraintes budgétaires, je souhaite que nous puissions continuer de mener des transformations d'ampleur", qui permettront de "dégager des leviers d'économies en réduisant nos effectifs et en redéployant les moyens humains et financiers là où sont les réels besoins sur le terrain", a insisté le ministre qui avait dit en septembre vouloir "débureaucratiser à tous les étages".
Le gouvernement envisage de supprimer quelque 2.200 postes de fonctionnaires dans son projet de budget, actuellement examiné par l'Assemblée nationale, afin de réduire le déficit public à 5% en 2025. Il compte par ailleurs réduire de 10% le nombre d'opérateurs de l'Etat d'ici quatre ans, avait indiqué dimanche le Premier ministre Michel Barnier dans le JDD.
Une réunion est prévue le 12 novembre entre l'administration et les syndicats sur le projet de réforme de la fonction publique, que ces derniers contestent vivement, autour de sujets comme l'attractivité et les salaires.
L'ancien ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini, à l'origine de ce projet, envisageait notamment de développer la rémunération au mérite dans la fonction publique, de faciliter les licenciements voire de supprimer les catégories historiques de fonctionnaires (A, B et C).
Le texte, qui n'avait pas pu être présenté au Parlement avant la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin, contient "des mesures parfois éruptives", a reconnu son successeur devant les députés, disant toutefois vouloir "poursuivre cette "ambition réformatrice".
"On va faire de la concertation avec les syndicats, on verra bien quelle est la solution qui est in fine retenue": reprise totale ou partielle du texte, projet ou proposition de loi, a expliqué M. Kasbarian. "J'ai laissé l'ensemble des options sur la table et je l'ai mis à l'agenda social."
Concernant la suppression envisagée de la garantie individuelle du pouvoir d'achat (Gipa) dans un contexte de reflux de l'inflation, un casus belli pour certains syndicats, "il n'avait jamais été question de la pérenniser ad vitam aeternam", a-t-il lancé à propos de cette indemnité versée aux fonctionnaires dont la rémunération a progressé moins vite que la hausse des prix.
La transformation passera aussi par "une véritable cure de simplification" administrative pour "faire mieux avec moins de normes et moins de paperasse", a-t-il indiqué au lendemain de l'adoption par le Sénat du projet de loi de simplification de la vie économique.
M. Kasbarian avait promis mardi dans Les Echos un examen à l'Assemblée "au plus tard au début de l'année prochaine".